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Scène

«Huellas» au théâtre du Rond-Point, à boue de souffle

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Mis en scène par Olivier Meyrou, deux acrobates sur un immense tapis d’argile composent une chorégraphie à la fois sauvage et tendre.
Matias Pilet et Fernando Gonzales Bahamondez dans «Huellas». (Franck Jalouneix/Théâtre du Rond Point)
publié le 13 janvier 2025 à 23h38

Il ne faut pas être trop pressé avec le metteur en scène (et cinéaste) Olivier Meyrou et l’acrobate (et danseur) Matias Pilet, dont on est généralement d’autant plus ravi d’avoir des nouvelles que celles-ci ne transitent pas par le haut débit. Ainsi travaille le tandem qui, en 2022, a fondé la compagnie Hold-Up & Co, mais dont les antécédents nous avaient notamment laissé l’excellent souvenir de la Fuite, un solo d’une drôlerie grave dans lequel un personnage – au statut bien plus proche de celui du SDF ou du migrant, que du vacancier – se dépêtrait comme il pouvait d’une tente Quechua aussi encombrante que salutaire.

Cette fois, il n’y a pas un, mais deux hommes qui, remontant jusqu’à la nuit des temps, questionnent la force gravitationnelle, sinon une place sur Terre aussi chèrement disputée que pas si évidente que ça à préserver. A Matias Pilet se joint en effet Fernando Gonzales Bahamondez, lui aussi acrobate, originaire de Patagonie chilienne et établi à Montréal. Un duo qui devient même quatuor puisque, sur le côté de la scène, Karen Wenvl enrobe l’odyssée de chants en mapudungun, la langue mapuche, peuple autochtone de l’Amérique latine, tandis que l’Andalou Daniel Barba Moreno complète l’ornementation sonore entre guitare, percussions et bruits de la nature.

Paré pour le décollage, Huellas (qui signifie «empreintes» en espagnol) prend sa source au Rozel, un site paléolithique normand découvert en 1967 où l’on a dénombré des centaines d’empreintes de p