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Libération
Danse

«Hurlula», beaucoup de bruit pour rien

La chorégraphe et vocaliste Flora Détraz propose un spectacle autour du cri. L’ensemble, parfois douloureux, souvent incompréhensible, laisse songeur.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHH. (Vincent Delesvaux)
publié le 13 octobre 2023 à 16h33

On a bien compris qu’avec Hurlula, Flora Détraz souhaitait explorer le cri, se couler dans tel corps sonore puis tel autre, montrer que, de l’archéoptéryx au chanteur de rock, il n’y a qu’un seul et même râle long de quelques millions d’années. Le propos tient en une phrase, intrigue cinq minutes, amuse cinq de plus (ça alors, elle fait vraiment bien la poule) puis passe plus d’une heure à se déliter, ce qui laisse le loisir de se poser énormément de questions ; pourquoi ses deux musiciens sont-ils affublés de perruques qui leur donnent l’allure de la petite fille possédée dans The Ring ? A quoi rime cette séquence au cours de laquelle les trois intervenants boivent de l’eau et la recrachent longuement, très longuement, tantôt en jet, tantôt en bruine ? Etait-il nécessaire d’intercaler, au milieu de la performance, dix minutes d’infrabasses à vous faire sauter l’émail des dents (la douleur physique est réelle) ? Combien de temps Lê Quan Ninh va-t-il encore souffler dans ses cymbales ? Que veut nous dire Flora Détraz en passant toute la fin de son spectacle à rire, allongée par terre ? Chez Dupieux, Yannick se serait levé pour poser ces questions à voix haute, on se contente de les formuler muettement entre deux roupillons discrets, en enviant les spectateurs moins polis qui quittent purement et simplement la salle. Pendant ce temps, quelqu’un, à cent mètres de là, est en train de voler notre vélo. Devant le cadenas très proprement sectionné, un autre genre de hurlement. Mais personne n’y a prêté attention.

Hurlula de Flora Détraz. Les 12 et 13 octobre à 20 heures au centre Pompidou