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Festival d'Aix-en-Provence

«Il Viaggio, Dante» de Pascal Dusapin: beauté partout, musique nulle part

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Le dernier opéra du compositeur créé au Festival d’Aix-en-Provence manque de cadre harmonique mais offre un voyage surprenant inspiré par l’œuvre du poète florentin.
L’opéra du compositeur français met en scène la recherche d’une mystérieuse Béatrice en robe rouge. (Monka Rittershaus/Festival d'Aix-en-Provence)
publié le 11 juillet 2022 à 21h56

Avec une centaine d’opus, dont dix ouvrages lyriques pour la scène, Pascal Dusapin est l’un des compositeurs français les plus appréciés d’aujourd’hui. Et il est fort à parier que son Il Viaggio, Dante, d’après la Divine Comédie du poète, écrivain, penseur et homme politique florentin, né en 1265 et mort en 1321, connaîtra la même fortune que ses Medeamaterial ou Faustus, The Last Night. Outrepassant le fait que sa musique ne comble aucune de nos attentes, en matière de mélodie, d’harmonie, de contrepoint, de développement et de rythme, il nous est arrivé de louer certaines de ses pièces scéniques, les plus concises, comme To Be Sung et Passion, pour leur beauté plastique. L’absence de «musique», l’incapacité à créer un cadre assez structuré pour que les évènements qui s’y produisent soient attendus, redoutés, surprennent ou déçoivent, n’en demeure pas moins problématique ; on en a refait l’expérience avec Il Viaggio, Dante, créé à Aix, dans une mise en scène de Claus Guth.

Travail d’orfèvre

Un spectacle stupéfiant : de l’introduction vidéo figurant l’accident de voiture du héros, aux éclairages, décors et costumes, ce voyage aux enfers, à la recherche d’une mystérieuse Béatrice en robe rouge, n’a rien à envier aux visions les plus folles et sophistiquées de David Lynch. Tout aussi surnaturel est le travail accompli par les chanteurs, dont la mezzo Christel Loetzsch et le contre-ténor Dominique Visse, qui fait un come-back génial en créature tra