L’an dernier, elle avait impressionné l’auditoire. Lors de la conférence de presse donnée par le festival pour son édition 2020, la compositrice Kaija Saariaho, 68 ans, présentait son nouvel opéra, Innocence. Avec une gageure : utiliser autant de langues qu’il y avait de personnages, soit plus d’une dizaine. Avec donc autant de prosodies à apprivoiser, voire de styles à développer pour caractériser chaque langage et chaque personnage. Mise en scène par l’Australien Simon Stone, la tour de Babel Innocence faisait sacrément envie. Patatras, le Covid passa par là.
«Aux petits soins»
Mais réjouissons-nous car l’œuvre est donc présentée pour cette édition 2021. Si le travail scénique a pu être mené à son terme l’an dernier, il s’est effectué sans soutien orchestral ou choral, arrêtant les répétitions à la générale piano. L’Estonian Philharmonic Chamber Choir et le London Symphony Orchestra (LSO) n’ont, eux, abordé la partition que cette année, sous la direction de Susanna Mälkki, l’incontournable maestra du contemporain. «Je sens qu’il y a toujours une grande responsabilité dans une création. J’essaie d’être à la hauteur de la tâche. Il s’agit de donner un bon début de vie à une œuvre, nous sommes aux petits soins», explique-t-elle au téléphone. La responsabilité, lourde, de faire naître cette commande du festival (conjointement à quatre autres maisons d’opéra), se double d’un autre paramètre : «Je connais Kaija Saariaho depuis presque vingt ans. Elle me fait confiance, c’est