Découvert il y a vingt ans dans ces colonnes, alors qu’il se distinguait dans le baroque et dans Mozart, Jérémie Rhorer s’est depuis imposé comme un chef symphonique recherché, de la Gewandhaus de Leipzig au Philadelphia Orchestra en passant par l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome, ainsi que comme chef d’opéra percutant : ses Dialogues des carmélites, de Poulenc, avec le Philharmonia de Londres restent la plus belle production à avoir été montée en trente ans au théâtre des Champs-Élysées où il a également réussi à convaincre James Gray de mettre en scène les Noces de Figaro. A la veille de diriger à Paris et à Saint-Denis deux monuments du répertoire classique, le chef qui a fêté ses 50 ans en juillet a répondu à nos questions.
Après la Philharmonie de Berlin, vous allez diriger la Missa Solemnis, de Beethoven, à la Philharmonie de Paris mais cette fois sur instruments d’époque avec votre propre Cercle de l’Harmonie. Dans la lignée du chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt ?
Oui car il a ouvert une nouvelle voie qui nous permet de résoudre nombre d’écueils de cette partition en questionnant la rhétorique et la dramaturgie. Prenons, par exemple, la partie vocale des sopranos dans le chœur : le fait qu’elles restent sur des notes extrêmes de leur tessiture – la bémol, la bécarre, et si bémol –