C’est entre les murs calfeutrés d’un studio de La Place, centre culturel éclipsé par les dizaines d’enseignes qui jouxtent la canopée du forum des Halles, que Josépha Madoki nous a donné rendez-vous. Née à Kinshasa, l’artiste est aujourd’hui une figure de la scène «waacking» en France, cette danse de revendication née dans les discothèques des banlieues de Los Angeles il y a près de cinquante ans. Sa création «D.I.S.C.O» («Don’t Initiate Social Contact With Others»), en tournée pour la deuxième saison consécutive, propose une immersion dans cet univers du clubbing. Crop tops, talons aiguilles, paillettes et boule à facettes : derrière ses marqueurs glam, la pièce n’est pourtant pas tout public. Les poses sont flamboyantes et désinhibées, les corps en transe, débordant d’énergie, et cette invitation au lâcher-prise est parfois intimidante, difficile à appréhender. «L’histoire du waacking nécessite une introduction, justifie la chorégraphe. Aujourd’hui encore, exhiber ces codes queers et cette nudité n’est pas toujours anodin dans certains lieux, devant certains publics.»
Besoin d’exister
Un espace «safe» : au début des années 70, c’est déjà ce que des danseurs hommes issus de minorités invisibilisées – latinos ou afro-américaines, queers de surcroît – recherchent dans les clubs. «S’ils avaient choisi la rue pour se tester, comme l’ont fait les précurseurs du hip-hop ou du break, ils se seraient fait tuer», pointe calmement Madoki. Dans ces quartiers pa