Menu
Libération
Théâtre

«La femme n’existe plus», une pièce de farce majeure

Article réservé aux abonnés
Au théâtre du Rond-Point à Paris puis en tournée, Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent, issus des Chiens de Navarre, explorent une France dystopique où Yann Moix est Premier ministre et les femmes sont renvoyées au foyer. Ravageur et subversif.
La pièce est écrite, mise en scène et interprétée par Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent, renforcés par Valérie Karsenti et Cédric Moreau. (Yannick Debain)
publié le 8 décembre 2023 à 18h36

«Souterraine, mais souveraine, j’écoute. Bonjour…» Difficile de ne pas spontanément penser au SOS Amitié du Père Noël est une ordure quand, depuis ce qui pourrait ressembler au foutoir d’un local associatif, la rombière décroche le téléphone pour répondre à une voix masculine autant en quête de réconfort que de conseils. Mais les temps ont changé. Jusqu’à atteindre le rivage de la dystopie : Yann Moix est devenu Premier ministre, Michel Houellebecq ministre de la Culture. Une place porte le nom de Roman Polanski, une autre celui d’Olivier Duhamel. Car si, de nos jours, on observe avec angoisse la progression du Rassemblement national, c’est en définitive du Graf «dont est issu démocratiquement le gouvernement français». Or, qui dit Graf dit «Grand Retour aux fondamentaux». Lesquels, en l’espèce (menacée), riment pour les femmes avec fourneaux. Finis, donc, l’accès au travail et aux responsabilités citoyennes. Des mesures de l’ordre du bon sens, estimerait-on sous le ciel lourd de la tyrannie talibane, mais qui, ici, justifient l’entrée en résistance de militantes : nos «Souterraines, souveraines» en question.

A l’instar des trois mousquetaires, elles sont quatre, quand une actrice en perdition rejoint cette petite armée des ombres dans une planque, sorte de panic room mêlant kit de survie et foyer domestique de fortune – jerrican, seau, caisse à outils, dossiers empilés, tableau noir… D’elles, on ne connaît que les prénoms mais, entre allusions, dress cod