Il faut protéger l’ennui et la divagation comme des citadelles assaillies. Hier, le défenseur du temps vide le plus populaire était sûrement Gaston Lagaffe, qui dépensait une énergie inouïe à inventer les conditions de sa propre oisiveté. Nicolas Heredia, lui, ne peut jouir du même niveau de notoriété, mais s’y emploie avec fermeté en proposant avec sa Fondation du rien de pouvoir s’inscrire à un riche programme d’activités avec la certitude qu’elles seront annulées. Réservez donc en ligne votre créneau pour l’atelier «cuisine vietnamienne», «danse brésilienne» ou «running & philosophie», ayez en retour l’assurance de ne strictement rien foutre. Et les membres de cette curieuse société «désormais déployée à l’internationale» s’emploieront à ce que vous ne foutiez rien dans l’allégresse, à l’occasion du petit spectacle-conférence qui accompagne de temps à autre ce dispositif de marketing expérientiel über-disruptif dans la start-up nation.
Artiste obsédé par le rapport au temps contemporain, Nicolas Heredia ne porte pas de pull col roulé vert comme l’anti-héros de Franquin mais plutôt un accoutrement de commercial sorti d’HEC, héros moderne à qui il vole ses catégories de pensée et sa novlangue pour tenter de booster les ventes d’un truc qui n’a rien à vendre. De quoi créer un contraste clownesque dans les allées des centres c