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Théâtre

«La Grande Marée» de Simon Gauchet, le mur des songes

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Inspiré du projet inachevé de savants dans les années 80, Simon Gauchet met en scène avec poésie et humour la folle expédition d’un équipage parti à la recherche de l’Atlantide et de ses propres désirs.
L'l’anthropologue Dietmar Kamper Le projet de «la Grande Marée» a été soufflé à Simon Gauchet par la journaliste Brigitte Salino, qui avait interviewé (Louise Quignon)
publié le 20 novembre 2023 à 18h04

Fin des années 80. Un groupe d’universitaires allemands décide d’organiser une expédition maritime pour retrouver la cité engloutie de l’Atlantide, «catastrophe initiale» selon l’anthropologue Dietmar Kamper, à la tête de ce projet à rêver debout. Parmi ces savants prêts à en découdre avec les fantômes, un anthropologue spécialiste des peintures rupestres, ancien prisonnier de guerre, et une historienne de l’art qui s’interroge : faut-il vraiment mettre la main sur ce qui a disparu ou peut-être même jamais existé ? Ne faut-il pas laisser l’Atlantide engloutie dans «son doute et son incertitude» ? A cette quête d’un monde submergé s’ajoute un autre projet. Sur le bateau qui les conduira vers la spectrale Atlantide, les savants de l’équipage devront se raconter, chaque matin, leurs rêves de la nuit.

Caverne

En 1989, le mur de Berlin tombe, la folle expédition de Dietmar Kamper est annulée. Elle n’aura jamais lieu. Il y a quelques années, la journaliste du Monde Brigitte Salino envoie à la troupe du jeune metteur en scène Simon Gauchet l’interview de Dietmar Kamper, réalisée à l’époque de son extravagant projet. L’article n’a pas fait de bruit. «Il y a des choses qu’on fait dans la vie qui n’ont aucun écho», leur a-t-elle dit. De cette expédition qui n’a été que rêvée, d’un article qui n’a jamais rien changé, Simon Gauchet et Martin Mongin, qui signe le texte