Qui n’a pas senti de suée d’angoisse en découvrant cette image : une affiche annonçant l’arrivée d’une version comédie musicale du cultissime la Haine, collée juste à côté de celle des Dix Commandements, l’envie d’aimer avec Pascal Obispo, à la Seine musicale à Paris ? Qui n’a pas redouté d’entendre le titre phare de la BO, Assassin de la police (DJ Cut Killer), massacré a cappella façon The Voice ou les flics chanter leur quotidien dans les cités avec le timbre de Garou ? Vous, peut-être ? C’est bien normal. Réalisée en 1995, la fresque sociale de Mathieu Kassovitz sur le quotidien des jeunes garçons des quartiers populaires, sur le rapport désastreux qu’entretient avec eux l’institution policière, est illico devenue un hit fondateur, en France mais aussi à l’international – le magazine Vice a par exemple consacré un article sur l’obsession des jeunes Serbes de Belgrade pour le film.
Grande appréhension et soulagement énorme
Avec lui, une génération de spectateurs de milieux divers découvrait une autre peinture de la vie dans les cités que celle alors diffusée en boucle sur quatre chaînes de télé. Le pouvoir d’identification et de réparation fut tellement puissant pour une majorité d’habitants des cités que