Cheveux rouges, pubis raccord, La Ribot, danseuse et chorégraphe madrilène, «jette son corps dans la bataille» – pour paraphraser Pasolini – depuis le début des années 90. Elle s’est exposée seule en scène dans plus d’une trentaine de ses courtes «pièces distinguées», des soli aux allures d’instantanés chorégraphiques, entre trente secondes et moins de sept minutes, le temps de performer une idée-un geste, nue au milieu des spectateurs (de la Tate Modern de Londres au centre Pompidou à Paris). S’enrouler d’une corde jusqu’à s’immobiliser en un paquet SM à expédier. S’effondrer jambes écartées dans une flaque d’objets rouges, la perruque peroxydée sur le visage, les escarpins écarlates tordus, dans la posture désarticulée d’un crime sexuel. Ou encore glisser dos au mur, le corps coincé-violé dans une chaise pliante avec, autour du cou, une pancarte en carton «Se vende». A vendre ? le message slogan a le mérite d’exposer la réalité de tous les travailleurs et travailleuses du corps, du sexe.
On tombe souvent chez La Ribot, on claudique aussi dans ses pièces de groupe où tout est bancal, c’est la définition même du burlesque, comme la métaphore active d’un monde qui s’effondre. Si La Ribot s’étale littéralement sur les scènes de danse comme dans les musées, ça veut dire deux choses. D’abord qu’e