Plus une place à vendre pour la Walkyrie, à la Monnaie de Bruxelles, ce qui n’étonne guère : le Ring, de Wagner, n’y a pas été présenté depuis trente ans et cette nouvelle coproduction, avec le Liceu de Barcelone, a été confiée à Romeo Castellucci. En plus d’être l’un des metteurs en scène de théâtre et d’opéra les plus courtisés d’aujourd’hui, l’artiste italien qui signe les décors, les costumes et les éclairages de tous ses spectacles, est idéal pour l’Anneau du Nibelung, œuvre d’art totale par excellence, ayant inspiré le mot même de «Gesamtkunstwerk». Après son triomphe obtenu, en octobre dernier, avec l’Or du Rhin, l’attente était d’autant plus considérable que Castellucci avait prévenu qu’il ne s’imposerait aucune contrainte d’unité esthétique entre les différents volets. De fait, le premier acte quasi-janséniste de cette Walkyrie, tranche avec le symbolisme grandiose, inondé de lumière, de l’Or du Rhin : quelques meubles rustiques se déplaçant tout seuls pour figurer l’antre de Hunding, pas de frêne au milieu du plateau où doit être plantée Nothung, l’épée de l’invincibilité, et un réfrigérateur énigmatique et vide dont la porte est ouverte.
Qu’importent les énigmes et les anachronismes, ce qui frappe dans cette pénombre, c’est que Castellucci dirige Hunding, son molosse noir, Siegmund, et Sieglinde, au cordeau, tel Strehler lorsqu’il signa en 1984, une Illusion comique, de Corneille, crépusculaire à l’Odé