C’est la fin d’une ère. Le célèbre cabaret transformiste «Chez Michou», haut lieu des nuits parisiennes depuis 1956, a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris ce mardi 16 juillet, a annoncé à l’AFP l’avocat de l’actuelle dirigeante, Catherine Catty-Jacquart. Les 22 salariés, artistes et personnels de salle, dont certains avec près de trente ans d’ancienneté, seront licenciés dans les quinze jours.
A lire aussi
En difficulté depuis la mort du fondateur en janvier 2020, le cabaret était en cessation de paiements depuis fin juin. Un mandataire judiciaire désigné par le tribunal recevra les éventuelles offres d’achat du fonds de commerce, «dans l’espoir que “l’esprit Michou” perdure», a poursuivi l’avocate. Une partie des salariés tente de monter un projet de société coopérative de production (SCOP) afin de présenter une offre de reprise.
«C’est un déchirement mais, après plusieurs années de difficultés, il fallait se rendre à l’évidence», a réagi Catherine Catty-Jacquart, nièce de Michel Catty dit Michou. Icônes parmi les plus populaires des nuits parisiennes, Michou et son cabaret étaient devenus des symboles français, aussi prisés que le Moulin Rouge, le Lido et le Crazy Horse. Son emblématique fondateur avait notamment inspiré dans les années 1970 «La Cage aux folles» à Jean Poiret. A quelques jours du 68e anniversaire du cabaret, la dernière représentation a eu lieu le 30 juin.
A lire aussi
Un cabaret qui ne devait pas survivre à son propriétaire
Berceau du transformisme et plus petit cabaret de Paris, Chez Michou présentait un dîner-spectacle avec d’extravagants travestis surnommés les «Michettes», imitant des vedettes de la chanson et du cinéma comme Sylvie Vartan, Annie Girardot, Johnny Hallyday, Mireille Mathieu ou Dalida. En déficit depuis trois ans, le cabaret a été confronté, selon sa directrice, «aux grèves, manifestations et problèmes de stationnement, surtout pour les autocars», provoquant l’effondrement des réservations.
Shows de drag-queens et spectacles transformistes connaissent pourtant un regain d’intérêt ces dernières années, portés par des établissements qui ont su davantage se tourner vers un public jeune et branché, comme Madame Arthur, également situé à Montmartre.
Dans ses mémoires parues en 2017, Michou avait d’ailleurs estimé que son cabaret ne devait pas lui survivre. «Je veux que cette maison disparaisse avec moi. Cela peut paraître prétentieux mais le cabaret ne me survivra pas», disait-il alors. Quelques mois avant sa mort, le «prince bleu de Montmartre» s’était finalement ravisé sous la pression des «Michettes».