«Gounouj» en créole, c’est «grenouille». Quand le chorégraphe Léo Lérus retourne chez lui en Guadeloupe et que tombe la nuit, c’est une vraie symphonie. Il les entend coasser aussi un peu plus loin à Gros-Morne – Grande-Anse, un site protégé sur le littoral du côté de la mer des Caraïbes. Mais pour combien de temps encore, c’est une autre histoire. Le pressentiment d’une possible disparition, un jour, de ces paysages et de ces espèces forme la ligne de basse si joliment mélancolique de Gounouj, création en forme de berceuse tropicale hypnotique. Les danseurs, eux, ne sont pas guadeloupéens, mais tous sont riches comme lui de cultures métissées, «de traditions chorégraphiques avec lesquelles ils aimeraient communiquer sans toujours en avoir l’opportunité», détaille l’artiste : l’une vient de Guyane, l’autre est franco-camerounaise, un autre encore a des connexions jamaïcaines, un autre mexicaines.
Deux d’entre eux ont pu venir créer ici, à l’endroit où la plage s’arrête pour laisser naître la forêt puis la mangrove. Ça se voit aujourd’hui sur scène à leurs jeux de jambes semblables à des branchages, à la qualité aquatique de leur bassin, à cette façon aussi de rétracter les membres sous le corps puis de sauter soudain avec explosivité : les interprètes se sont imprégnés de ces paysages marécageux mais aussi de la motricité particulière des gounouj, avec leur façon d’étirer les cuisses et de bondir sur 25 fois la longueur de leur corps.
«Séances de gaga»
Attention, qu’