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Opéra

«Les Enfants terribles», ouïe clos

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L’opéra-ballet, composé par Philip Glass et mis en scène par Phia Ménard, offre un spectacle intense dont la partition exalte jusqu’à l’insoutenable son caractère répétitif et frénétique.
La «trilogie Cocteau» du compositeur américain superstar s’est conclue, en 1996, par cet opéra-ballet. (Christophe Raynaud de Lage)
publié le 1er décembre 2022 à 22h52

Bijou à l’italienne du XIXe siècle, l’opéra de Rennes a accueilli, en novembre, une nouvelle production des Enfants terribles, de Philip Glass, dévoilée peu avant, à Quimper, et présentée, jusqu’en février 2023, dans une dizaine de maisons. Initiée en 1991, avec Orphée, adaptation lyrique du film éponyme, poursuivie avec La Belle et la bête, en 1994, dont les interprètes synchronisaient leur chant avec les lèvres des comédiens du film projeté au-dessus d’eux, la «trilogie Cocteau» du compositeur américain superstar s’est conclue, en 1996, par cet opéra-ballet. A défaut de danseurs, Phia Ménard, dont c’est la deuxième mise en scène d’opéra, a découpé le plateau en cercles concentriques pivotants. Ils embarquent, dès l’ouverture, les trois pianistes – Emmanuel Olivier, directeur musical, Flore Merlin et Nicolas Royez – et les chanteurs dans un manège infernal dont la sophistication esthétique culminera avec un défilé de mode façon «Bal des têtes» surréaliste.

Phia Ménard a également projeté l’action dans le futur : le huis-clos, aussi réel qu’imaginaire, dans lequel Paul, amoureux du voyou Dargelos, et sa sœur Elisabeth ont choisi de s’enfermer s’est tant éternisé qu’on les découvre à l’Ehpad. Si les fans du poète de l’adolescence maladive, réincarné ici en infirmier-narrateur, peuvent s’offusquer de cette transposition dans l’univers de Beckett ou du Haneke d’Amour, le refus de vieillir, commun à notre époque, rend plausible le fait que ce couple fu