L’oubli est flagrant. Autant qu’injuste. Un nom manque à l’appel, quand on épluche la feuille de salle des Sœurs Hilton, qui omet de mentionner, dans la distribution, la présence de Charlie. Pourtant, la petite chienne tient son rang qui, au tout début de la représentation, rejoue à sa façon l’antique pub de la firme Pathé-Marconi, «la Voix de son maître», en un savoureux playback dans un micro baissé à hauteur de museau. Du reste, la même Charlie ne se fera pas prier, une centaine de minutes plus tard, en pur cabot qui, au sens saltimbanque du terme, viendra récolter sa ration d’applaudissements, au milieu de partenaires bipèdes qui, au diapason, n’auront pas ménagé leur peine. A défaut d’être parvenus à convaincre pleinement du bien-fondé de l’entreprise.
En ce sens, le poste d’éclaireur du toutou n’est pas anodin, condensant à lui seul la tonalité du projet en une scène au ton drolatique qui, privilégié tout du long, tempérera significativement la noirceur d’une histoire pourtant édifiante. Nées au début du XXe siècle, Daisy et Violet Hilton étaient deux sœurs siamoises, rattachées l’une à l’autre par le bas de la colonne vertébrale. Une particularité anatomique qui en fera dès l’enfance des bêtes de foire, autant exploitées (en premier lieu par leur mère adoptive) qu’offertes à la plus malsaine des curiosités. Une notoriété pathétique qui culminera en