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Libération
Théâtre et danse

Les spectacles à voir en ce moment : l’Olympe de Wim Vandekeybus, les angoisses de Nora Hamzawi et l’épouvante de Maeterlinck

«Libé» vous guide dans les pièces ou spectacles de danse à voir, à Paris ou en régions. Avec aussi : «Neandertal», de David Geselson et «Elizabeth Costello» de Krzysztof Warlikowski d’après JM Coetzee.
«Infamous Offspring», de Wim Vandekeybus ; «L’Intruse» et «les Aveugles» de Maurice Maeterlinck ; Nora Hamzaoui. (Danny Willems, Christophe Raynaud de Lage, Alexandre Isard)
publié le 11 février 2025 à 8h05

Pour aider nos lecteurs à s’y retrouver dans une offre culturelle foisonnante, les journalistes du service Culture de Libé déblaient le terrain et vous livrent l’essentiel de ce qui leur a plu dans l’actualité des sorties de films, d’albums, de pièces et de spectacles, de séries et d’expositions. Et tous les samedis, notre Top 10 de la semaine, toutes disciplines confondues. Retrouvez l’ensemble de nos sélections.

Danse

«Infamous Offspring», de Wim Vandekeybus

Le Flamand, ambassadeur d’une danse-théâtre survoltée, livre une relecture de l’Olympe entre chorégraphie vertigineuse et esthétique Game of Thrones. Pendant deux heures (respect infini aux danseurs qu’on applaudissait pour leur première représentation à la scène nationale de Cergy-Pontoise), sa danse fait merveille sur le canevas de l’Olympe en faisant bondir et courir comme dans des jeux vidéo de kung-fu les nombreux enfants de Zeus et d’Héra, bâtards maltraités, rejetons aux superpouvoirs légendaires. Notre critique.

Le 4 mars aux Salins-scène nationale de Martigues, du 25 au 28 juin à la Villette (Paris).

«A Folia», de Marco da Silva Ferreira

Ancien nageur formé à la kinésithérapie, ex-champion de la version portugaise de So You Think You Can Dance, le chorégraphe passionne toujours plus avec ses mix baroques et son goût pour les danses de club contestataires. Il présente en France deux spectacles, A Folia et CARCASS. Là où ses comparses privilégient souvent une approche documentaire des danses sociales, important sur scène des pratiques underground pour montrer l’étendue de leur vocabulaire ou évoquer leur ancrage sociopolitique, lui en fait plutôt le subconscient de fantaisies pétaradantes à fort capital fictionnel, poussant l’art du mix temporel et géographique dans des dimensions baroques. Lire notre portrait.

A Folia, les 21 et 22 février à Lisbonne, du 21 au 23 mars à l’Opéra national de Lorraine à Nancy. CARCASS, de février à avril à Villars-sur-Glâne, Brest, Le Mans, Caen, Quimper, Angers, Clermont-Ferrand, Nîmes, Sète, Pau…

Théâtre

«L’Intruse» et «les Aveugles» de Maeterlinck et Tommy Milliot

C’est un spectacle double, qui commence et s’achève dans le silence et la pantomime : le visage tendu, yeux fermés et joues gonflées d’un vieillard ; les bouches grimaçantes de tout un chœur. La troupe de la Comédie-Française s’empare de deux pièces de l’écrivain belge. Une fiction d’épouvante réussie, pleine de tension dramatique. Lire notre critique.

Au théâtre du Vieux-Colombier Comédie-Française jusqu’au 2 mars.

«Neandertal», de David Geselson

Spectacle dense, foisonnant, saga intimiste aux péripéties internationales où se déploient une demi-douzaine de personnages, avec des mises en perspectives géopolitiques détonantes, au beau milieu d’une enquête drolatique et sérieuse sur la disparition de l’homme de Néandertal et de ce qu’il en reste dans l’ADN de l’Homo sapiens invasif d’aujourd’hui : la pièce de David Geselson virevolte à travers les défis scientifiques sans jamais nous égarer. Virtuose. Lire notre critique ici.

Au théâtre du Rond-Point jusqu’au 16 février.

Elizabeth Costello de Krzysztof Warlikowski d’après JM Coetzee

Le metteur en scène Krzysztof Warlikowski s’empare du personnage créé par le romancier J.M. Coetzee, l’écrivaine Elizabeth Costello. Une réflexion puissante sur la responsabilité morale qui devrait nous animer envers l’autre, humain, animal ou personnage de fiction. Lire notre critique lors du festival d’Avignon, où la pièce a été présentée cet été.

Au théâtre de la Colline jusqu’au 16 février.

«TAIRE», de Tamara Al Saadi

Certaines jeunes filles refusent de se nourrir à l’adolescence. Antigone, elle, revue et comprise par la metteuse en scène Tamara Al Saadi, manifeste son opposition par le silence comme l’indique le titre de la pièce en lettre majuscule, TAIRE. La pièce croise le parcours d’Eden (merveilleuse Chloé Monteiro), enfant placée à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) qui, à cause d’un règlement inique, est séparée de sa première famille d’accueil aimante, et du fameux personnage de Sophocle pour dire ce que l’on tait, faute d’y prêter attention : les attaques en France aux droits des enfants confiés à l’ASE. Notre critique.

Du 5 au 8 mars, au théâtre national de Nice, le 13 et 14 mars à Toulon, le 20 et 21 mars à Saint-Ouen, du 26 au 6 avril au TGP à Saint-Denis.

«Peau d’homme», de Léna Bréban

Bianca, jeune promise dans l’Italie de la Renaissance à un futur époux dont elle ne sait rien, revêt une peau d’homme, qui lui permet d’approcher en mâle son fiancé. Les deux «hommes» tombent amoureux. Malgré la joyeuse mutinerie de Laure Calamy, la comédie musicale adaptée de la belle BD d’Hubert & Zanzim tombe dans la caricature et le prêt-à-penser. Lire notre critique

D’après l’ouvrage d’Hubert & Zanzim (Editions Glénat). Adaptation et mise en scène Léna Bréban au théâtre du Montparnasse.

«To Like or Not» d’Emilie Anna Maillet

La metteuse en scène présente un «spectacle augmenté» sur l’adolescence et les masques qu’on porte et dont il faut bien se défaire durant cette intense période de la vie. D’abord sur Instagram, où les personnages Marilou, Jules-Elie, Alma… ont un compte que l’on peut suivre. Puis, dans le hall du théâtre, une heure avant la représentation, où une expérience de réalité virtuelle (VR) permet de prendre la place d’un des six personnages invités à une soirée chez Alma. Et sur la scène enfin, où nous les retrouvons tous, cette fois-ci incarnés par des comédiens, au lendemain de la soirée que nous venons de vivre. Lire notre reportage.

Au Théâtre de la ville-les Abbesses (75018) jusqu’au 15 février, puis du 26 au 29 mars au TNG de Lyon et le 8 avril au Théâtre Théo-Argence à Saint-Priest. A partir de 14 ans.

«La vie rêvée», de Kelly Rivière

Son précédent seul en scène, An irish story, avait largement séduit : elle y racontait sa quête d’un aïeul évaporé dont l’absence l’obsédait depuis l’adolescence. Avec La vie rêvée, son tout nouveau spectacle, Kelly Rivière poursuit la veine de l’autofiction. Cette fois ce sont ses ambitions déçues de danseuse étoile qu’elle confie et sa vie ratée d’intermittente du spectacle contrainte d’entertainer des salariés démotivés dans des sessions de théâtre d’entreprise. Mais le texte un peu facile et déjà vu manque cette fois d’épaisseur. Dommage, car Kelly Rivière est toujours aussi douée pour se glisser d’un personnage à l’autre (géniale incarnation de sa mère) et certaines réfs (Annie Girardot ou Edouard Louis) sont à éclater de rire.

Aux Plateaux sauvages (75020), jusqu’au 15 février.

«Sans tambour», de Samuel Achache

Le metteur en scène balade en musique son chagrin d’amour, de saynètes en numéros de cabaret. Samuel Achache étreint pendant deux heures d’un spectacle fort aimable l’idée romantique, en la passant aux épreuves familières chez lui du pastiche et d’un détournement musical travaillé avec Florent Hubert. Lire notre critique lors d’un festival d’Avignon.

Au Théâtre des Bouffes du Nord, du 25 février au 9 mars.

«Le Soulier de satin» de Paul Claudel

Le patron de la Comédie-Française magnifie l’œuvre de Paul Claudel grâce à de grandes toiles peintes esquissant paysages marins et ciels picturaux, et aux costumes démesurés signés Christian Lacroix. C’est toute la force du travail d’Eric Ruf : donner à voir le spectacle de la pensée qui prend forme sur le plateau, une pensée incarnée à l’image des héros claudéliens qu’on pensait a priori éthérés, contenus dans une prose au lyrisme pénible. Tout le contraire ici.

Le Soulier de satin, de Paul Claudel. Scénographie et mise en scène d’Eric Ruf. Comédie-Française, Paris, jusqu’au 13 avril 2025.

«Le Procès de Jeanne» de Judith Chemla et Yves Beaunesne

Adaptée des minutes du procès de Jeanne d’Arc, la pièce jouée par Judith Chemla met en lumière et en chants l’irréductibilité du destin de la guerrière et de sa condition de genre. Elle, enfermée sur une scène en polygone de bois, eux qui la dominent sur l’immense écran en fond de scène, pour un procès qui se joue désormais entre ces deux espaces, et deux temporalités. Sur qui ou quoi Jeanne peut-elle s’appuyer quand le texte appartient aux hommes d’en haut, et que sa partition lui impose de répondre d’en bas ? Lire notre critique.

Au théâtre des Bouffes du Nord à Paris, jusqu’au 16 février puis en tournée à Vichy, La Roche-sur-Yon, Caen…

«Article 353 du code pénal», de Tanguy Viel et Emmanuel Noblet

Après le succès de son adaptation de Réparer les vivants, Emmanuel Noblet met en scène un roman de Tanguy Viel qui relate le jugement d’une affaire d’escroquerie. Une fable politique sur fond de lutte des classes aux accents mystiques.

Article 353 du code pénal, au théâtre du Rond-Point, à Paris, jusqu’au 15 février puis en tournée dans toute la France.

«Juste la fin du monde» et «Il ne m’est jamais rien arrivé», de Jean-Luc Lagarce

Vincent Dedienne, habitué à puiser dans sa double culture du one-man show et du théâtre, interprète deux textes de Jean-Luc Lagarce, trente ans après la mort du dramaturge.

Juste la fin du monde et Il ne m’est jamais rien arrivé de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Johanny Bert, jusqu’au 16 février au Théâtre de l’Atelier (75018). Puis en tournée à Cébazat, Blois, Lyon, Périgueux…

Seul en scène

Nora Hamzawi

Dans un seule en scène angoissé, garanti sans tartines de développement personnel, l’humoriste se répand encore brillamment en névroses et observations cinglantes. Signer ici le seule en scène le plus diablement bien écrit qu’on ait vu depuis des lustres lui donne tous les droits de nous tenir la jambe. Retrouver notre critique.

En tournée dans toute la France.

«Renaissance», de Mustapha El Atrassi

De retour après des adieux à la scène écourtés, l’humoriste passe son public au gril d’un nouveau spectacle en partie improvisé, chaleureusement destructeur.

Renaissance, de Mustapha El Atrassi, à l’Européen (75017) jusqu’au 30 avril.

Chaque jour, retrouvez les choix du service Culture de Libé : expositions le lundi, théâtre, danse et opéra le mardi, sorties ciné le mercredi, musique le vendredi, séries le dimanche... et le Top 10 de la semaine le samedi. Tout ce qui nous a plu (et parfois déplu) dans l’actualité de la culture.