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Théâtre et danse

Les spectacles de la semaine : «Dans ton intérieur» de Julia Perazzini et «La prochaine fois que tu mordras la poussière» d’après Panayotis Pascot

«Libé» vous guide dans les pièces ou spectacles de danse à voir, à Paris ou en régions. Avec aussi : du cirque, avec «Ombres portées» de Raphaëlle Boitel, et de la danse avec «D’après une histoire vraie…» de Christian Rizzo, et le festival du Théâtre National de Bretagne à Rennes.
«Dans ton intérieur», de et avec Julia Perazzini, et Vassili Schneider dans «Quand tu mordras la poussières». (Indra Crittin. Christophe Raynaud de Lage )
publié le 19 novembre 2024 à 7h37

Pour aider nos lecteurs à s’y retrouver dans une offre culturelle foisonnante, les journalistes du service Culture de Libé déblaient le terrain et vous livrent l’essentiel de ce qui leur a plu dans l’actualité des sorties de films, d’albums, de pièces et de spectacles, de séries et de livres. Et tous les samedis, notre top 10 de la semaine, toutes disciplines confondues. Retrouvez nos sélections.

Cirque

«Ombres portées» de Raphaëlle Boitel

La metteuse en scène continue de vouloir élargir le périmètre du cirque, en mêlant théâtre, danse et musique dans un spectacle méritoire et ambitieux, même si inabouti. Un élégant récit fragmenté autour d’un père et de ses enfants.

Ombres portées, de Raphaëlle Boitel, Théâtre Silvia Monfort, 75015, jusqu’au 23 novembre, puis en tournée (Creil, Gap, Château-Arnoux, Marseille, Lyon).

Théâtre

«Dans ton intérieur» de Julia Perazzini

Julia Perazzini explore dans une pièce à tiroirs l’identité d’un grand-père absent et paradoxal. Le théâtre commençait sur un mode documentaire ? Il se poursuit en installation superbement plasticienne et se développe en one woman show – dans la lignée terrifiante de Zouc – avec une hallucinante galerie de personnages.

Dans ton intérieur de Julia Perazzini, jusqu’au 23 novembre, Théâtre Public de Montreuil – CDN. Du 22 au 25 janvier 2025, Théâtre Saint-Gervais, Genève (CH)

«La prochaine fois que tu mordras la poussière», d’après Panayotis Pascot

Au théâtre du Petit Saint-Martin à Paris, l’adaptation du best-seller sagace de l’humoriste, mis en scène par son frère, puise sa force chez un Vassili Schneider délié. Le phrasé-parlé vif de l’auteur en pleine trituration de ses sutures adolescentes dans le livre se voit enfilé comme un gant par l’acteur qui enchaîne avec force les pensées à voix haute, réglant ses comptes avec le père.

La prochaine fois que tu mordras la poussière, mise en scène Paul Pascot avec Vassili Schneider et Yann Pradal, 1 h 30, au théâtre du Petit Saint-Martin (75010) jusqu’au 8 mars.

Le festival du TNB à Rennes

Malgré les difficultés financières que traverse le milieu, le festival du TNB propose une programmation ambitieuse, des pièces parfois inédites en France et beaucoup de spectacles à la création sonore ultra-travaillée.

A Rennes et aux alentours, jusqu’au 23 novembre

«D’après une histoire vraie…» de Christian Rizzo

Dix ans après sa création au Festival d’Avignon, le chorégraphe français reprend son hit D’après une histoire vraie…, sublime spectacle interprété par des danseurs du pourtour méditerranéen. Cette pièce clé du répertoire contemporain a entraîné dans son sillage une déferlante de créations lorgnant comme elle vers la transe et l’exhumation de gestes anciens, transmis de génération en génération loin des classes instituées. Alors que le Proche-Orient s’embrase et que l’Amérique fête le règne du virilisme, cette pièce entièrement masculine, sur le rêve de confraternité, résonne bruyamment avec l’actualité.

D’après une histoire vraie… de Christian Rizzo, le 23 novembre à Béziers, les 26 à Albi, puis tournée 2025 à Angers, Périgueux, Colombes, etc.


«La Mouette» de Tchekhov, mise en scène par Stéphane Braunschweig

En choisissant d’ancrer la pièce de Tchekhov dans un contemporain indéfini, le metteur en scène révèle le tour prophétique de ce texte écrit en 1895 : c’est de la sixième extinction dont nous parle le jeune Konstantin, dramaturge voué à l’échec, face à ses aînés qui le snobent et ironisent. Dans ce beau décor désolé, ce n’est plus de la fin d’une société mais bien la fin d’un monde que décrit Anton Tchekhov.

La Mouette d’Anton Tchekhov (traduction André Markowicz et Françoise Morvan), mise en scène Stéphane Braunschweig. Jusqu’au 22 décembre à l’Odéon (75006).

«OISEAU» d’Anna Nozière

C’est un spectacle jeunesse qui parle avec finesse et humour de la mort, des morts et de la manière dont la plupart d’entre nous les ignore. Le père de Mustapha est mort. Avec tous les autres enfants de l’école qui ont perdu un proche, ou un animal adoré, Mustapha va mettre sur pied une grande confrérie à l’école – «Si tu aimes tes morts, viens avec nous» –, organiser une grande fête dans le cimetière, avec du surimi et des Oreo, graffer les murs («Police partout, nos morts nulle part») et partir, la nuit, retrouver ceux qui ne sont plus là. Sous le regard interdit des adultes.

OISEAU d’Anna Nozière, les 20 et 21 novembre au théâtre Jean-François Voguet de Fontenay-sous-Bois, du 28 au 30 novembre au théâtre du Fil de l’eau à Pantin, les 10 et 11 décembre au théâtre Jean-Vilar de Vitry sur Seine, puis en 2025 à Verdun, Angers, Nanterre, Sartrouville, Lorient, Marseille…

«Sur l’autre rive» d’après Tchekhov, de Cyril Teste

A la fois grande soirée sur scène et performance filmique, l’adaptation libérée de Platonov de Tchekhov révèle les relations banalement monstrueuses des personnages.

Sur l’autre rive, d’après «Platonov» de Tchekhov, mise en scène Cyril Teste, le 26 novembre à l’Equinoxe de Châteauroux, puis en décembre à Amiens, Mans, Roubaix…

«L’Amante anglaise» de Marguerite Duras avec Sandrine Bonnaire

La comédienne revient au théâtre dans une pièce de Marguerite Duras tirée d’un fait divers où elle incarne merveilleusement une femme qui cherche avec son interrogateur les motifs d’un assassinat qu’elle a commis.

L’Amante anglaise de Marguerite Duras, mise en scène de Jacques Osinski au théâtre de l’Atelier (75018) jusqu’au 31 décembre, puis en tournée.

«Le Suicidé» de Stéphane Varupenne

Mise en scène par Stéphane Varupenne, la pièce de Nicolaï Erdman censurée en 1930 dresse le portrait d’une société stalinienne qui avait toutes les raisons de se supprimer. Trop caricatural.

Le Suicidé, mise en scène de Stéphane Varupenne, à la Comédie-Française jusqu’au 2 février.

«Racine carrée du verbe être» de Wajdi Mouawad

Wajdi Mouawad reprend une pièce déjà jouée à la Colline. A travers cinq personnages qui ne font qu’un, le metteur en scène raconte le destin d’une famille libanaise bouleversée par l’explosion du 4 août 2020 à Beyrouth. Le brio de la mise en scène et le foisonnement de trajectoires font oublier quelques lourdeurs d’écriture.

Racine carrée du verbe être, texte et mise en scène de Wajdi Mouawad, au théâtre de la Colline (75020) jusqu’au 22 décembre.

«Lacrima» de Caroline Guiela Nguyen

Entre Paris, Mumbai et Alençon, la metteuse en scène retrace la fabrication de la robe de mariée d’une princesse. Son spectacle est une prouesse, un récit choral ample, populaire et d’une précision rare.

Lacrima de Caroline Guiela Nguyen, à la Comédie de Reims du 20 au 21 novembre, au théâtre du Nord de Lille du 7 au 11 décembre, à la Scène nationale de Douai les 18 et 19 décembre, à l’Odéon à Paris du 7 janv. au 6 fév. 2025…


Danse

«Débandade» d’Olivia Grandville

Sept danseurs déconstruisent les assignations liées à leur genre. Une chorégraphie appliquée qui masque mal un manque d’originalité sur un thème maintes fois traité.

Débandade d’Olivia Grandville, Chaillot le 30 novembre au théâtre Liberté de Toulon, le 18 janvier à l’Equinoxe de Châteauroux.


Seul en scène

«La Fin du début» de Solal Bouloudnine

Dans sa chambre d’enfance recréée sur scène, Solal Bouloudnine replonge, au travers d’une enthousiasmante galerie de personnages, dans ses années 90 hantées par la mort de Michel Berger.

La Fin du début de Solal Bouloudnine au théâtre Lepic (75018) tous les lundis, mardis à 21 heures, et les dimanches à 19h30. Jusqu’au 5 janvier.


Comédie musicale

«La Haine» de Mathieu Kassovitz et Serge Denoncourt

Transposée dans la France de Bardella et de «Justice pour Adama» avec une ambition ultra-fédératrice, portée en live par de jeunes rappeurs et breakers, l’œuvre de Mathieu Kassovitz embrase à nouveau, trente ans après sa sortie au cinéma, la salle très mixte de la Seine musicale.

La Haine, jusqu’ici rien n’a changé, direction artistique et mise en scène de Mathieu Kassovitz et Serge Denoncourt à la Seine musicale (92100) jusqu’au 5 janvier, les 15 et 16 novembre à Lyon puis en tournée nationale.

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