Pour aider nos lecteurs à s’y retrouver dans une offre culturelle foisonnante, les journalistes du service Culture de Libé déblaient le terrain et vous livrent l’essentiel de ce qui leur a plu dans l’actualité des sorties de films, d’albums, de pièces et de spectacles, de séries et de livres. Et tous les samedis, notre top 10 de la semaine, toutes disciplines confondues. Retrouvez nos sélections
Théâtre
«D’après une histoire vraie…» de Christian Rizzo
Dix ans après sa création au Festival d’Avignon, le chorégraphe français reprend son hit D’après une histoire vraie…, sublime spectacle interprété par des danseurs du pourtour méditerranéen. Cette pièce clé du répertoire contemporain a entraîné dans son sillage une déferlante de créations lorgnant comme elle vers la transe et l’exhumation de gestes anciens, transmis de génération en génération loin des classes instituées. Alors que le Proche-Orient s’embrase et que l’Amérique fête le règne du virilisme, cette pièce entièrement masculine, sur le rêve de confraternité, résonne bruyamment avec l’actualité.
«D’après une histoire vraie…» de Christian Rizzo, les 12 et 13 novembre à Annecy, le 23 à Béziers, les 26 à Albi, puis tournée 2025 à Angers, Périgueux, Colombes, etc.
«La Mouette» de Tchekhov, mise en scène par Stéphane Braunschweig
En choisissant d’ancrer la pièce de Tchekhov dans un contemporain indéfini, le metteur en scène révèle le tour prophétique de ce texte écrit en 1895 : c’est de la sixième extinction que nous parle le jeune Konstantin, dramaturge voué à l’échec, face à ses aînés qui le snobent et ironisent. Dans ce beau décor désolé, ce n’est plus de la fin d’une société mais de la fin d’un monde dont nous parle Anton Tchekhov.
«La Mouette» d’Anton Tchekhov (traduction André Markowicz et Françoise Morvan), mise en scène Stéphane Braunschweig. Jusqu’au 22 décembre à l’Odéon (75006).
«Le Papier peint jaune» de Charlotte Perkins Gilman et Alix Riemer
Mettant en scène une femme cloîtrée par son mari et condamnée à scruter, obstinément, les motifs fantasmatiques des murs qui l’entourent, la pièce adapte honorablement mais sans panache le texte de l’autrice américaine Charlotte Perkins Gilman (essayiste, romancière, poète, journaliste…) dont la vie est sommairement résumée au début du spectacle, dans un prologue inattendu, vif et amusant.
«Le Papier peint jaune» de Charlotte Perkins Gilman, mis en scène par Alix Riemer, théâtre Silvia-Monfort (75015), jusqu’au 16 novembre.
«Pessoa, Since I’ve Been Me» de Bob Wilson
Fernando Pessoa version Groucho Marx ou drag-queen, lyrisme immodéré ou bruitages assourdissants… Le metteur en scène américain perd le spectateur entre les personnalités de son héros inspiré par l’écrivain portugais et les artifices scéniques. Au final, Wilson donne un cabaret maladroit où il représente confusément quelque chose de l’artifice ou de l’instabilité du moi, en escamotant à la fois la complexité de Pessoa à cet égard, et la poésie de ses textes.
«Pessoa, Since I’ve Been Me» de Bob Wilson d’après l’œuvre de Fernando Pessoa. Au théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt (75004) jusqu’au 16 novembre.
«Petites Joueuses» de François Chaignaud
Dans le monde souterrain du Louvre médiéval, le chorégraphe invite les spectateurs à une déambulation libre en six petites pièces. Et donne accès à tout un petit peuple souterrain, de tendres créatures, des fols dansant la mauresque, des chanteurs lyriques chantant des airs des XIVe et XVe siècles des bouées de plage en forme de flamant rose nouées sur la tête. C’est du Brueghel, du Bosch. Le spectacle est présenté en marge de l’exposition «Figures du fou», dans les étages du musée, à laquelle le billet pour la pièce donne lieu dans des conditions privilégiées.
«Petites Joueuses» de François Chaignaud, le 14 et le 16 novembre au Louvre médiéval (75001). Neuf créneaux par soirées sont proposés à la réservation, de 19h30 à 22h10. Dans le cadre du Festival d’automne à Paris.
«OISEAU» d’Anna Nozière
C’est un spectacle jeunesse qui parle avec finesse et humour de la mort, des morts et de la manière dont la plupart d’entre nous les ignore. Le père de Mustapha est mort. Avec tous les autres enfants de l’école qui ont perdu un proche, ou un animal adoré, Mustapha va mettre sur pied une grande confrérie à l’école – «Si tu aimes tes morts, viens avec nous» –, organiser une grande fête dans le cimetière, avec du surimi et des Oreo, graffer les murs («Police partout, nos morts nulle part») et partir, la nuit, retrouver ceux qui ne sont plus là. Sous le regard interdit des adultes.
«OISEAU» d’Anna Nozière, les 15 et 16 novembre au théâtre Claude-Debussy de Maisons-Alfort (94), les 20 et 21 novembre au théâtre Jean-François Voguet de Fontenay-sous-Bois, du 28 au 30 novembre au théâtre du Fil de l’eau à Pantin, les 10 et 11 décembre au théâtre Jean-Vilar de Vitry sur Seine, puis en 2025 à Verdun, Angers, Nanterre, Sartrouville, Lorient, Marseille…
«Je suis trop vert» de David Lescot
Après J’ai trop peur et J’ai trop d’amis, le metteur en scène emmène son jeune héros en classe verte pour aborder la question écologique avec des enfants. C’est peu dire qu’il est difficile d’écrire pour le jeune public. David Lescot trouve un ton remarquablement juste, protéiforme, en parvenant à situer le point de vue de son héros, qui est aussi celui qui raconte l’histoire, au niveau très juste d’une compréhension encore enfantine du monde, lacunaire donc, angoissée parfois, mais jamais simple.
«Je suis trop vert», texte et mise en scène de David Lescot. Avec en alternance Lyn Thibault, Elise Marie, Sarah Brannens, Lia Khizioua Ibanez, Marion Verstraeten et Camille Bernon. Spectacle à partir de 8 ans au théâtre de la Ville (75004) jusqu’au 16 novembre puis en tournée.
«Cécile» de Marion Duval
Avec un talent pour l’improvisation sans minauderie et une folle énergie, la comédienne fait le récit de ses mille vies dans Cécile, mis en scène par son amie Marion Duval.
«Cécile», mise en scène de Marion Duval les 14 et 15 novembre au Quai d’Angers, puis en tournée à Tours, Orléans…
Sur l’autre rive d’après Tchekhov, de Cyril Teste
A la fois grande soirée sur scène et performance filmique, l’adaptation libérée de Platonov de Tchekhov révèle les relations banalement monstrueuses des personnages.
«Sur l’autre rive» d’après «Platonov» de Tchekhov, mise en scène Cyril Teste, jusqu’au 16 novembre au théâtre du Rond-Point (75008), le 26 novembre, à l’Equinoxe de Châteauroux, puis en décembre à Amiens, Mans, Roubaix…
«L’Amante anglaise» de Marguerite Duras avec Sandrine Bonnaire
La comédienne revient au théâtre dans une pièce de Marguerite Duras tirée d’un fait divers où elle incarne merveilleusement une femme qui cherche avec son interrogateur les motifs d’un assassinat qu’elle a commis.
«L’Amante anglaise» de Marguerite Duras, mise en scène de Jacques Osinski au théâtre de l’Atelier (75018) jusqu’au 31 décembre, puis en tournée.
«Le Suicidé» de Stéphane Varupenne
Mise en scène par Stéphane Varupenne, la pièce de Nicolaï Erdman censurée en 1930 dresse le portrait d’une société stalinienne qui avait toutes les raisons de se supprimer. Trop caricatural.
«Le Suicidé», mise en scène de Stéphane Varupenne, à la Comédie-Française jusqu’au 2 février.
«Racine carrée du verbe être» de Wajdi Mouawad
Wajdi Mouawad reprend une pièce déjà jouée à la Colline. A travers cinq personnages qui ne font qu’un, le metteur en scène raconte le destin d’une famille libanaise bouleversée par l’explosion du 4 août 2020 à Beyrouth. Le brio de la mise en scène et le foisonnement de trajectoires font oublier quelques lourdeurs d’écriture.
«Racine carrée du verbe être», texte et mise en scène de Wajdi Mouawad, au théâtre de la Colline (75020) jusqu’au 22 décembre.
«Lacrima» de Caroline Guiela Nguyen
Entre Paris, Mumbai et Alençon, la metteuse en scène retrace la fabrication de la robe de mariée d’une princesse. Son spectacle est une prouesse, un récit choral ample, populaire et d’une précision rare.
Lacrima de Caroline Guiela Nguyen, à la Comédie de Reims du 20 au 21 novembre, au théâtre du Nord de Lille du 7 au 11 décembre, à la Scène nationale de Douai les 18 et 19 décembre, à l’Odéon à Paris du 7 janv. au 6 fév. 2025…
Danse
«Débandade» d’Olivia Grandville
Sept danseurs déconstruisent les assignations liées à leur genre. Une chorégraphie appliquée qui masque mal un manque d’originalité sur un thème maintes fois traité.
«Débandade» d’Olivia Grandville, Chaillot le 30 novembre au théâtre Liberté de Toulon, le 18 janvier à l’Equinoxe de Châteauroux
Seul en scène
«La Fin du début» de Solal Bouloudnine
Dans sa chambre d’enfance recréée sur scène, Solal Bouloudnine replonge, au travers d’une enthousiasmante galerie de personnages, dans ses années 90 hantées par la mort de Michel Berger.
«La Fin du début» de Solal Bouloudnine au théâtre Lepic (75018) tous les lundis, mardis à 21 heures, et les dimanches à 19h30. Jusqu’au 5 janvier.
Comédie musicale
«La Haine» de Mathieu Kassovitz et Serge Denoncourt
Transposée dans la France de Bardella et de «Justice pour Adama» avec une ambition ultra-fédératrice, portée en live par de jeunes rappeurs et breakers, l’œuvre de Mathieu Kassovitz embrase à nouveau, trente ans après sa sortie au cinéma, la salle très mixte de la Seine musicale.
«La Haine, jusqu’ici rien n’a changé», direction artistique et mise en scène de Mathieu Kassovitz et Serge Denoncourt à la Seine musicale (92100) jusqu’au 5 janvier, les 15 et 16 novembre à Lyon puis en tournée nationale.
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