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Théâtre et danse

Les spectacles de la semaine : «Juste la fin du monde» par Vincent Dedienne, «l’Evénement» d’Annie Ernaux, et la reprise des «Idoles» de Christophe Honoré

«Libé» vous guide dans les pièces ou spectacles de danse à voir, à Paris ou en régions. Et toujours : «le Soulier de satin» de Claudel par Eric Ruf, une fable napolitaine d’Emma Dante et la «Renaissance» de Mustapha El Atrassi.
(Marguerite Bornhauser, Vincent Pontet)
publié le 14 janvier 2025 à 8h20
(mis à jour le 21 janvier 2025 à 8h20)

Pour aider nos lecteurs à s’y retrouver dans une offre culturelle foisonnante, les journalistes du service Culture de Libé déblaient le terrain et vous livrent l’essentiel de ce qui leur a plu dans l’actualité des sorties de films, d’albums, de pièces et de spectacles, de séries et de livres. Et tous les samedis, notre Top 10 de la semaine, toutes disciplines confondues. Retrouvez toutes nos sélections.

Théâtre

«Makbeth», «les Idoles», «Julius Caesar» : l’agenda de Libé pour les spectacles de 2025

De «l’Esthétique de la résistance» de Sylvain Creuzevault à «Exit Above» d’Anne Teresa De Keersmaeker en passant par la Biennale du cirque de Marseille, tour d’horizon des spectacles au programme des prochains mois.

«L’Evénement», d’Annie Ernaux

Le spectacle de Françoise Gillard et Denis Podalydès restitue subtilement la vivacité et l’amertume du récit de la prix Nobel sur son avortement illégal en 1963.

L’Evénement, d’Annie Ernaux, de Françoise Gillard et Denis Podalydès. Au Théâtre 14, jusqu’au 25 janvier.

«Juste avant la fin du monde» et «Il ne m’est jamais rien arrivé», de Jean-Luc Lagarce

Vincent Dedienne habitué à puiser dans sa double culture du one-man-show et du théâtre interprète deux textes de Jean-Luc Lagarce, trente ans après la mort du dramaturge.

Juste avant la fin du monde et Il ne m’est jamais rien arrivé de Jean-Luc Lagarce, m.s. Johanny Bert, jusqu’au 16 février au Théâtre de l’Atelier (75018). Puis en tournée à Cébazat, Blois, Lyon, Périgueux…

«Seul comme Maria», de Marilou Aussilloux et Théo Askolovitch

Bien construit par Marilou Aussilloux et Théo Askolovitch, le spectacle fait entendre la voix de l’actrice Maria Schneider, indocile et charismatique, et lui offre l’occasion d’être autre chose que la victime humiliée de Brando et Bertolucci.

Seule comme Maria, jusqu’au 1er février à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, dans le cadre de la saison Prémisses dédiée à la jeune création.

I’m deranged de Mina Kavani

Dans le monologue qu’elle a tout à la fois écrit, mis en scène et interprété, l’actrice iranienne installée en France évoque son enfance à Téhéran et son parcours d’exil. Une performance aux allures d’incantation.

I’m deranged, de et avec Mina Kavani du 22 au 25 janvier à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, le 18 et 19 février à Poitiers, le 1 et 2 avril à Rennes, le 14, 15, 16, et 20 mai à Vire.

«Le Soulier de satin» de Paul Claudel

Le patron de la Comédie française magnifie l’œuvre de Paul Claudel grâce à de grandes toiles peintes esquissant paysages marins et ciels picturaux, et aux costumes démesurés signés Christian Lacroix. C’est toute la force du travail d’Eric Ruf : donner à voir le spectacle de la pensée qui prend forme sur le plateau, une pensée incarnée à l’image des héros claudéliens qu’on pensait a priori éthérés, contenus dans une prose au lyrisme pénible. Tout le contraire ici.

Le Soulier de satin, de Paul Claudel. scénographie et mise en scène d’Eric Ruf. Comédie-Française, Paris Jusqu’au 13 avril 2025.

«Re Chicchinella» d’Emma Dante

Emma Dante déroule le dernier volet d’une trilogie inspirée de contes napolitains, qui moquent les pouvoirs au travers d’une fable bouffonne mais subtilement mise en scène.

Re Chicchinella (le Roi poule), texte et mise en scène d’Emma Dante, jusqu’au 29 janvier à la Colline à Paris.

«Le Rendez-vous» de Camille Cottin et Jonathan Capdevielle

Une scénographie qui palpite, un ample tissu violet plissé qui emballe entièrement la scène. Et une jambe bien vivante qui surgit de cet antre organique, isolée du reste du corps. Elle remue, se replie, bat. Oui, c’est bien Camille Cottin, actrice populaire s’il en est, plus rare au théâtre, qui revient avec le metteur en scène Jonathan Capdevielle pour une adaptation du sulfureux roman de Katharina Volckmer The Jewish Cock.

Le Rendez-vous, adaptation, aux Bouffes du Nord (75 010) du 7 au 25 janvier.

«Le Firmament», de Lucy Kirkwood et Chloé Dabert

Chloé Dabert met en scène le texte de la dramaturge britannique Lucy Kirkwood : dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, un jury de mères de famille tient entre ses mains la vie d’une condamnée à mort. On se réjouit surtout de l’originalité du geste : sur quelle scène aujourd’hui parle-t-on si finement de la progressive invisibilisation des sages-femmes par les médecins et incarne-t-on si concrètement le travail de ces femmes qui reprisent, veillent, langent et frottent ?

Jusqu’au 18 janvier au théâtre du Rond-Point à Paris. Puis en tournée à Forbach, Liège, Clermont-Ferrand La Roche-sur-Yon, Vitré, Beauvais… Le texte de la pièce est publié aux éditions de L’Arche (traduction Louise Bartlett)

«Julius Caesar» de Shakespeare et Arthur Nauzyciel

Une pièce et mise en scène politiques qui tombent à pic. Cette pièce, c’est Julius Caesar qu’Arthur Nauzyciel a créée en 2008 aux Etats-Unis à la demande de l’American Repertory Theater à Boston, et que le metteur en scène reprend avec la même distribution. Nul doute que cette œuvre sur la rhétorique et l’art du mensonge prend une tonalité particulière au moment de l’intronisation de Trump. Nauzyciel a choisi de situer la pièce dans le contexte des années 1960 : robe de cocktail, costume-cravate, groupe de jazz, et assassinat de Kennedy.

Au TNP à Villeurbanne, du 23 janvier au 1er février, puis aux Gémeaux à Sceaux du 6 au 15 mars.

«Ici sont les dragons», d’Ariane Mnouchkine

Bouleversée par l’invasion de l’Ukraine, la metteuse en scène a conçu une fresque ambitieuse sur les origines de l’impérialisme russe, de Lénine à Poutine. Un projet gigantesque, un spectacle grandiose, un peu trop parfois, qui évoque certaines compositions de Prokofiev.

Ici sont les dragons, première époque - 1917, la victoire était entre nos mains, une création collective du théâtre du Soleil avec Hélène Cixous dirigée par Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes, jusqu’au printemps.

«Les forces vives», de Camille Dagen et Emma Depoid

Lancée à vive allure, la vie de Simone de Beauvoir. Lancé à vive allure lui aussi ce cinquième spectacle de la trentenaire Camille Dagen portée par l’épatante scénographie d’Emma Depoid – trois heures et demie qui happent et passent en un rien de temps. La vitesse n’est pas l’uniformité. Dagen et Depoid restituent l’épaisseur et la complexité d’une vie, de l’enfance à la guerre d’Algérie, et la vieillesse de la philosophe.

Les Forces vives, du 12 au 21 mars à La Comédie de Reims, et du 8 au 10 avril aux 13 vents de Montpellier.

«Sur le chemin des glaces» de Werner Herzog et Bruno Geslin

Bruno Geslin adapte le récit du voyage du cinéaste et écrivain allemand, journal d’une marche de 775 kilomètres entre Munich et Paris et en ligne la plus droite possible, pour conjurer le sort : rejoindre une amie, l’historienne et conservatrice à la cinémathèque Lotte Eisner, très malade, afin qu’elle ne meure pas. Un soliloque exaltant porté par une composition musicale live.

Sur le chemin des glaces d’après Werner Herzog, mis en scène par Bruno Geslin, le 30 janvier à Pau, et les 5 et 6 février à Albi, les 26 et 27 mars à Douai (Nord).

«La prochaine fois que tu mordras la poussière», d’après Panayotis Pascot

Au théâtre du Petit Saint-Martin à Paris, l’adaptation du best-seller sagace de l’humoriste, mis en scène par son frère, puise sa force chez un Vassili Schneider délié. Le phrasé-parlé vif de l’auteur en pleine trituration de ses sutures adolescentes dans le livre se voit enfilé comme un gant par l’acteur qui enchaîne avec force les pensées à voix haute, réglant ses comptes avec le père.

Au théâtre du Petit Saint-Martin (75 010) jusqu’au 8 mars.

«Lacrima» de Caroline Guiela Nguyen

Entre Paris, Mumbai et Alençon, la metteuse en scène retrace la fabrication de la robe de mariée d’une princesse. Son spectacle est une prouesse, un récit choral ample, populaire et d’une précision rare.

Lacrima de Caroline Guiela Nguyen, à l’Odéon à Paris jusqu’au 6 fév. 2025.

«Edène» d’Alice Zeniter

Inspirée du roman de Jack London, la pièce très attendue de la metteuse en scène force sur le didactisme malgré la formidable Camille Léon-Fucien dans le rôle-titre d’une autrice-blanchisseuse et un texte pertinent sur une transfuge de classe. En tournée jusqu’à mai.

Edène d’Alice Zeniter et mis en scène par elle-même, du 15 au 26 janvier au TPM à Montreuil, tournée jusqu’en mai.

Seul en scène

«Renaissance», de Mustapha El Atrassi

De retour après des adieux à la scène écourtés, l’humoriste passe son public au gril d’un nouveau spectacle en partie improvisé, chaleureusement destructeur.

Renaissance, de Mustapha El Atrassi, à l’Européen (75017) jusqu’au 30 avril.

«La Fin du début» de Solal Bouloudnine

Dans sa chambre d’enfance recréée sur scène, Solal Bouloudnine replonge, au travers d’une enthousiasmante galerie de personnages, dans ses années 90 hantées par la mort de Michel Berger.

La Fin du début de Solal Bouloudnine et Maxime Mikolajczak, mise en scène Maxime Mikolajczak et Olivier Veillon, au théâtre Lepic (75018) tous les lundis, mardis à 21 heures, et les dimanches à 19 h 30. Jusqu’au 29 avril.

Retrouvez toutes les sélections ciné, série, musique… du service culture.

Analyses

Le stand-up, plus si seul en scène

Spectacles qui brouillent les frontières, programmation dans des théâtres nationaux… Le genre, que certains caractérisaient par son absence de mise en scène, essaime après avoir longtemps été tenu à distance.

Sur scène, l’écologie comme fer de danse

Volonté de décentrer le regard, dialogue avec l’animal, réflexion sur la production des décors ou les déplacements… Les enjeux de la crise environnementale ont modifié en profondeur la manière de créer les œuvres.