Une boule de glace se brise sur scène, et, au même moment, un frigo s’illumine. A l’intérieur, cinq enfants sont gelés, comme endormis. Une première vision presque horrifique de cette adaptation du roman expérimental les Vagues de Virginia Woolf, pourtant les gestes des marionnettistes sont tellement délicats quand ils viennent tirer leurs doubles de leur sommeil. Ils manipulent ces petits êtres de glaçons, qui bougent parfois par à-coups, parfois gracieusement, à l’unisson avec leurs maîtres ou non, ils voltigent, tombent… Et fondent, réchauffés par la lumière des projecteurs.
C’est sans doute à cause de ces marionnettes de glace que la mise en scène d’Elise Vigneron réduit le texte écrit en 1931 par Virginia Woolf à peau de chagrin – une heure de représentation seulement –, au péril de la profondeur de ses personnages. Si un des six protagonistes originels est effacé, les cinq restants peinent à devenir complexes, à quitter la surface, faute de temps, ce qui leur permet paradoxalement de mieux se fondre les uns dans les autres, devenant plusieurs facettes d’une même humanité, d’abord enfant puis adulte. A chaque étape de la vie, ils prononcent une courte tirade, peut-être même une réplique, s’attardant sur ces évènements qui sont presque des détails de l’enfance, mais qui forgent une personnalité (petite, Jinny a embrassé Louis, une heureuse découverte pour elle, mais une déchirure pour Suzanne, qui ne peut réfréner sa jalousie).
Une mare sur scène
Mais aux longs monologues originels, l