Menu
Libération
Intemporel

«L’Homosexuel», l’extravagance intacte de Copi

Article réservé aux abonnés
La pièce cinquantenaire du dramaturge argentin, mise en scène par Thibaud Croisy au théâtre de la Cité universitaire, met en débat des réflexions encore très actuelles sur la question du genre.
De gauche à droite : Helena de Laurens, Frédéric Leidgens, Emmanuelle Lafon. (Martin Argyroglo)
publié le 2 octobre 2022 à 19h15

Preuve irréfutable qu’au théâtre aussi le temps file, une majorité significative du public qui garnit ces jours-ci les travées du théâtre de la Cité internationale n’avait tout bonnement pas encore vu le jour quand, en 1971, fut créé l’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi… Fortuitement, en outre, le hasard veut que, paraphé par le metteur en scène de renom, Jorge Lavelli, l’acte de naissance ait été signé au même endroit, mais dans une autre salle, dénommé la Resserre, qui, aujourd’hui aménagée, n’était, paraît-il à l’époque qu’une sorte de grenier un peu glauque – tout comme, imagine-t-on, une cave aurait fait l’affaire. De cette création, d’ailleurs, subsiste des photos en noir et blanc, que le TCI a eu la bonne idée d’accrocher dans son foyer cosy. On y voit notamment l’auteur acteur, travesti dans tout une série de poses outrancières, que reprend dorénavant une distribution ad hoc.

L’occasion, un demi-siècle plus tard, d’observer que la charge subversive de la pièce n’a pas pris une vergeture. Voire, de constater qu’à notre époque, en théorie moins corsetée, bien peu d’auteurs actuels oseraient se montrer aussi virulents et, a priori, amoraux, sinon borderline, que ne le fut feu l’Argentin flamboyant, à la fois romancier, dramaturge, danseur et dessinateur – associé au Libé militant des années 70 et 80.

Artilleur en chef, Copi entraîne ici son petit monde dans les steppes de Sibérie. Où, un grand rectangle noir concentre l’essentiel du propos, fo