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Scènes

«L’Opéra de quat’sous» au festival d’Aix : gardez la monnaie

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Interprétée par la troupe de la Comédie française, l’œuvre de Bertolt Brecht et Kurt Weill sonne faux sous la houlette de Thomas Ostermeier, qui semble ne pas avoir su trancher entre respect du contexte d’époque et actualisation aux enjeux contemporains.
Birane Ba (Macheath) et Elsa Lepoivre (Jenny) aux répétitions de «L'Opéra de quat’sous» mis en scène par Thomas Ostermeier. (Jean-Louis Fernandez/coll.Comédie-Française)
par Lucile Commeaux, envoyée spéciale à Aix-en-Provence
publié le 5 juillet 2023 à 17h14

Un «opéra pour clochard», un peu «cheap». Voilà la provocatrice promesse de Brecht et Weill en leur temps, reprise par le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier qui, il y a quelques années, partageait volontiers le pessimisme de ses illustres aînés sur les prétendus pouvoirs du théâtre et des classiques, et qui par ailleurs n’avait pas jusque-là mis le moindre orteil dans une maison lyrique. Dans la belle cour du théâtre de l’Archevêché, alors que chaque mécène chenu du Festival d’Aix-en-Provence tenait à la main un petit sac de douceurs parfumées, on ne savait pas trop bien qui étaient les clochards en question, d’autant que sur la scène aussi, ça cocottait, certes sobrement. Plutôt le bon genre. Mais l’Opéra de quat’sous, c’était avant que Brecht ne lise Marx, répète Ostermeier à longueur de dossier de presse. Alors soit.

Sacrée forme que ce vrai faux opéra, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Il conte dans un régime parlé, ponctué de morceaux musicaux, les bas-fonds d’un Londres que se disputent Mr Peachum, un businessman corrompu, Brown, un flic peu scrupuleux, et un bandit prompt à la lame, le fameux Macheath, chef incontesté d’une bande de redoutables malfrats. Le jour où ce dernier épouse en secret Polly, la fille adorée de Peachum, c’est tout le quartier qui bascule dans le chaos. Créé en 1928 en Allemagne, de