Un «opéra pour clochard», un peu «cheap». Voilà la provocatrice promesse de Brecht et Weill en leur temps, reprise par le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier qui, il y a quelques années, partageait volontiers le pessimisme de ses illustres aînés sur les prétendus pouvoirs du théâtre et des classiques, et qui par ailleurs n’avait pas jusque-là mis le moindre orteil dans une maison lyrique. Dans la belle cour du théâtre de l’Archevêché, alors que chaque mécène chenu du Festival d’Aix-en-Provence tenait à la main un petit sac de douceurs parfumées, on ne savait pas trop bien qui étaient les clochards en question, d’autant que sur la scène aussi, ça cocottait, certes sobrement. Plutôt le bon genre. Mais l’Opéra de quat’sous, c’était avant que Brecht ne lise Marx, répète Ostermeier à longueur de dossier de presse. Alors soit.
Sacrée forme que ce vrai faux opéra, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Il conte dans un régime parlé, ponctué de morceaux musicaux, les bas-fonds d’un Londres que se disputent Mr Peachum, un businessman corrompu, Brown, un flic peu scrupuleux, et un bandit prompt à la lame, le fameux Macheath, chef incontesté d’une bande de redoutables malfrats. Le jour où ce dernier épouse en secret Polly, la fille adorée de Peachum, c’est tout le quartier qui bascule dans le chaos. Créé en 1928 en Allemagne, de