C’est pas un peu aride, quand même ? «Non, c’est très difficile à mémoriser mais après c’est amusant.» Dans un grand studio du Conservatoire national de Paris, Lola, 15 ans, vient de sortir de sa poche une partition plutôt curieuse. Ce que l’apprentie danseuse doit interpréter ce week-end avec une centaine d’élèves, dans la Grande Halle de la Villette, ressemble clairement à des lignes de code. Dessus, à peine quatre mouvements, figurés par des lettres : marcher, tourner, incliner, sauter. Soit un vocabulaire aussi basique que les 0 et les 1 en système binaire mais qui, une fois combiné en d’infinies variations, promet l’accès privilégié à l’un des plus précieux royaumes de la poésie : les chorégraphies conceptuelles, répétitives et cosmiques de Lucinda Childs. La grande chorégraphe américaine, aujourd’hui 83 ans, se tient debout face à eux, en baskets, doudoune capuche, lunettes graphiques. Elle est ici à Paris, à l’invitation du Festival d’automne, pour leur transmettre plusieurs pièces qui s’offrent comme de parfaits petits manuels de composition. «Qu’elle soit là, pour nous, c’est un truc de fou», sourit une élève. Sur le plateau de
Danse
Lucinda Childs, mamie supernova
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La danseuse et chorégraphe américaine Lucinda Childs à Paris en 2021. (Audoin Desforges / Pasco)
par Ève Beauvallet
publié le 1er décembre 2023 à 5h39
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