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Billet

Mais pourquoi veut-on absolument entendre de l’arabe au Festival d’Avignon ?

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Après l’anglais et l’espagnol, cette année, la langue arabe est l’invitée du festival. Petite réflexion sur nos attentes et nos fantasmes, et la manière dont les artistes du monde arabe invités lors de cette édition en jouent.
«Laaroussa Quartet» de Selma et Sofiane Ouissi, au Festival d'Avignon, en juillet 2025. (Christophe Raynaud de Lage)
publié le 15 juillet 2025 à 7h51

Choisir la langue arabe comme invitée du Festival d’Avignon est un geste bien plus risqué que de choisir l’anglais ou l’espagnol. C’est la langue de peuples parmi ceux qui souffrent le plus aujourd’hui, la langue d’anciennes colonies françaises, la langue de communautés qui subissent dans notre pays racisme et discriminations. Alors évidemment, le fait qu’on en ait entendu si peu, à ce mitan du Festival, crispe certains spectateurs et critiques.

Peu de textes, peu de langue, beaucoup de danse et tout un tas de spectacles qui n’ont rien à voir avec l’arabe. Ce constat parfois déçu, parfois carrément révolté, en dit long sur nos attentes, sans doute largement gonflées de cette fameuse white guilt – la culpabilité des blancs à l’égard de populations opprimées – dont parlent les Anglo-Saxons. Dans les salles et les cloîtres du Festival, il n’y a pas grand monde pour comprendre le message diffusé en arabe intimant au spectateur d’éteindre son téléphone portable (mais «c’est joli», a-t-on entendu).

Jouer sur la déception et l’étrangeté

Ceux qui, d’abord à raison, s’offusquent du manque de langue arabe dans le Festival sont parfois aussi ceux qui assignent les artistes arabes à cette seule identité. Or