Menu
Libération
Performance

«Moda povera» à la Triennale de Milan, l’habit des autres

Article réservé aux abonnés
Dans sa dernière performance, Olivier Saillard a invité dix modèles des années 80 et 90 à s’approprier les vêtements des visiteurs. Une méditation à rebours de la course effrénée aux tendances.
Lors de la performance initiée par Olivier Saillard le 2 février. (Ruediger Glatz)
publié le 8 février 2024 à 17h39

Dans la grande salle de la Triennale de Milan, haute de huit mètres et bâtie sur une vaste étendue de marbre gris, deux portants à roulettes bondés de vêtements attendent que l’action débute. A l’heure donnée, en ce 2 février, une foule dense s’avance et remplit l’espace, puis dix femmes habillées de longues robes noires apparaissent en silence et s’installent sur des socles blancs. Certaines se tiennent debout, d’autres sont assises ou alanguies, le regard droit, le profil fier.

Historien de la mode, aujourd’hui directeur de la Fondation Alaïa, également à la tête de la création de la marque de souliers J.M. Weston, Olivier Saillard a réuni sa troupe à Milan pour une nouvelle performance, autre versant de son travail plus artistique. Les six formes qu’il a créées sous l’appellation «Moda povera» puisent leur essence dans l’arte povera, mouvement né dans les années 60 en Italie en réaction à la croissance dévorante du marché de l’art. Olivier Saillard poursuit là une réflexion sur la mémoire du vêtement et porte un regard critique sur la course aux tendances et la débauche de moyens déployée par l’industrie lors des défilés. Les Vêtements des autres, dernier chapitre de cet ensemble débuté en 2018, est présenté pour la première fois à la Triennale dans le cadre des Soirées nomades de la Fondation Cartier et d’un part