Menu
Libération
Disparition

Mort de Iouri Grigorovitch, figure du ballet soviétique et ancien directeur du Bolchoï

A la tête du célèbre théâtre de 1964 à 1995, le chorégraphe russe s’est éteint le 19 mai à 98 ans.
Iouri Grigorovitch à Moscou, en 1999. (Alexander Nemenov/AFP)
publié le 19 mai 2025 à 18h38

Iouri Grigorovitch, figure de la scène soviétique, est mort lundi 19 mai à Moscou à 98 ans des suites d’une pneumonie. Le Théâtre Bolchoï, qu’il a dirigé durant trois décennies, a salué un chorégraphe «qui a fait naître plusieurs générations d’artistes remarquables» dans un message sur Telegram. «Avec son départ, une époque entière de l’histoire du ballet s’achève», déplore dans un communiqué le théâtre Mariinski, où Grigorovitch a fait ses débuts en tant que soliste, puis chorégraphe.

Un style flamboyant

Né en 1927 à Saint-Pétersbourg, Iouri Grigorovitch grandit dans un microcosme artistique et marche dans les pas de son oncle, Georges Rosay, danseur du prestigieux théâtre Mariinsky et membre des Saisons russes de Diaghilev. Il sort diplômé de l’Ecole chorégraphique en 1946, puis entre comme soliste au théâtre Kirov (ancien nom de Mariinsky). Puis de 1961 à 1964, il poursuit derrière le rideau, en tant que chorégraphe.

Son premier succès scénique date de 1957 avec la Fleur de pierre, une adaptation des contes de l’Oural. Quelques années après, il orchestre le ballet la Légende de l’amour (1961), inspiré un poème perse. Ces deux œuvres posent les jalons de son style dramatique et pittoresque.

Un maître autoritaire et contesté

Nommé directeur du ballet du Bolchoï en 1964, en pleine guerre froide, Iouri Grigorovitch réinvente sans cesse les classiques (Ivan le Terrible, Casse-Noisette, le Lac des cygnes). Il met en scène une esthétique nationale, idéalisée, grandiose, ce qui lui vaut les honneurs du pouvoir soviétique qui le décore de moults prix nationaux durant sa carrière.

Sous sa houlette, les hommes gagnent une visibilité nouvelle dans la danse, jusqu’alors dominée par les ballerines. Maître autoritaire capable de faire et de défaire des carrières, il est aussi contesté à de multiples reprises. Il démissionne en 1995, établissant un record de longévité à ce poste, et revient finalement en 2008, pour occuper la fonction de chorégraphe pour la troupe de ballet.