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Libération
Stand-up

Mustapha El Atrassi rouvre les vannes

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De retour après des adieux à la scène écourtés, l’humoriste passe son public au gril d’un nouveau spectacle en partie improvisé, chaleureusement destructeur, «Renaissance».
Mustapha El Atrassi au théâtre Trévise, à Paris, en 2013. (Alain Leroy/Saif Images)
publié le 2 janvier 2025 à 21h12

Mustapha El Atrassi, un ami méchant qui vous veut du bien, est de retour. Il avait raccroché. Ses mystérieux adieux à la scène en 2022 avec Game Over, sur un ton fracassé, l’avaient révélé en pitre tragique, prenant congé du public comme on sauve sa peau. L’entrée conquérante sur la scène de l’Européen à Paris cet hiver, au son bondissant du Backseat Freestyle de Kendrick Lamar («Goddamn I feel amazing…») marque le come-back tout sourire, sous les ovations. Pas un mot d’autojustification, inutile. On en était où, déjà ? Ah oui. Mustapha El Atrassi revient vous dire des horreurs avec son sourire d’enfant de chœur, à l’aise et infernal, sans transpirer. Inexplicablement chaleureux par-delà les abjections, possédé par le démon de la franchise et de la vulgarité, sans désir de le cadenasser. Ça marche surtout à l’impro : les fans, rameutés en masse sans la moindre promotion hormis un post Instagram, connaissent le principe. Régler leur compte à toutes les communautés dans la salle, où les «minorités» sont les majoritaires – diasporas arabes, couples mixtes, bandes de copines voilées, «les kheys» (frères) d’ici et d’ailleurs… La subversion, c’est que l’hôte en fait les spectateurs par défaut sur qui régler l’humour de connivence. Et les «gwers» (les blancs au sens subversif :