En fait, de quoi parle le krump ? En 2005, la réponse était assez claire. Au moment où David La Chapelle sortait son documentaire Rize, les spectateurs du monde entier découvraient une danse cathartique, pétaradante et clownesque, née dans les banlieues pauvres de Watts, à Los Angeles, et qui semblait digérer des décennies d’oppression subies par les communautés afros déchirées dans les guerres de gangs, pour mieux les faire exploser en un feu d’artifice de torses mitraillettes, de bassins lance-flammes et de langues grimaçantes. Quinze ans plus tard, aujourd’hui que les krumpers s’affrontent en battles de Dakar à Berlin en passant par Moscou – la Russie étant devenue un autre empire de cette danse dite «communautaire» – aujourd’hui qu’une nouvelle génération téléporte ce vocabulaire épique et martial sur les plateaux des grandes scènes internationales, une danseuse comme Nach vous prie d’arrêter de réduire le krump à «une danse de banlieusards en colère. Non, faut être un peu plus curieux que ça…» Par exemple, son krump à elle raconte beaucoup d’autres histoires. Et notamment des histoires de cul. Au sens kinésique mais aussi rituel. Et qui veut bien accorder de la profondeur à ces histoires se connectera alors à un monde fantastique, pluriséculaire, où le krump de Los Angeles répond au butô japonais mais aussi au flamenco espagnol ou au sabar sénégalais.
Danse
Nach, du krump à volupté
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Nach, chez elle à Marseille dans le quartier de Belsunce. (YOHANNE LAMOULERE)
par Ève Beauvallet
publié le 10 juin 2021 à 13h56
(mis à jour le 7 novembre 2023 à 14h13)
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