Menu
Libération
Disparition

Niels Arestrup, dégriffé

Article réservé aux abonnés
Le comédien, qui excellait dans les rôles de parrain métallique et de patriarche pervers, était un père tardif discret, observant de loin les rites sociaux et se fichant d’apparaître au mieux.
Niels Arestrup au Théâtre des Bouffes-Parisiens, le 21 septembre. (Richard Dumas/Libération)
publié le 3 octobre 2021 à 19h57
(mis à jour le 1er décembre 2024 à 11h25)

L’acteur est mort ce dimanche 1er décembre. Nous republions son portrait paru en 2021.

On pensait trouver Niels Arestrup en pleine séance de pose, rencogné dans le velours boursouflé d’un fauteuil des Bouffes- Parisiens, l’œil las et l’agacement perceptible. On lui avait imaginé des manières de grand fauve et une présence d’équarisseur à pognes rustaudes. On le découvre attablé en face du théâtre en compagnie de sa femme, Isabelle Le Nouvel, qui a écrit la pièce intitulée 88 fois l’infini. Vêtu d’un tee-shirt et d’une surchemise en jean boutonnée à la hâte, dimanche avec lundi, il nous serre la main, un réjouissant vestige d’avant les gestes barrières. Sur scène, il campe un pianiste compositeur de renom, qui déraille dès l’instant où il reçoit la plus haute distinction. François Berléand joue son demi-frère qui, malgré une vieille rivalité, va tenter de le raisonner. S’ensuit une longue conversation émaillée de révélations sur leur géniteur.

Père à la ville de jumeaux, un garçon et une fille de 9 ans, le comédien de 72 ans évoque assez librement sa paternité tardive. «Je ne voulais pas d’enfants, j’étais toujours barré ailleurs, en tournée, en tournage. Au début, ces êtres, très organiques avec la mère, m’impressionnaient, me paralysaient. Et puis, l’amour est venu tout seul…» S’il ne les a pas baptisés, il les a scolarisés dans le privé, ce qui n’empêche pas les interrogations. «Je me dis qu’il ne faut pas qu’ils tardent trop à se frotter aux variatio