Menu
Libération
En chœur et encore

Off du Festival d’Avignon : avec «l’Evénement», au feu la résilience

Article réservé aux abonnés
Dans un exercice de style cocasse, trois comédiens racontent, tous en même temps, l’incendie du four à pain d’une communauté new age.
Mathias Glayre, Joëlle Fontannaz et Nina Langensand dans «l’Evénement», de Joëlle Fontannaz à La Manufacture, le 6 juillet. (Pascal Gely/Hans Lucas)
publié le 12 juillet 2025 à 15h47

Après tout, pourquoi faudrait-il qu’une pièce de théâtre soit composée de répliques qui se suivent ? N’est-ce pas terriblement conservateur de tenir à ce que les acteurs parlent l’un après l’autre, et distinctement ? Dans l’Evénement, de Joëlle Fontannaz (pensée pour les spectateurs entrés dans la salle en pensant entendre du Annie Ernaux), les trois comédiens s’expriment tous en même temps, par écho et par vagues, et c’est très drôle.

Portée de chiots

Côté ressenti (parce qu’il en est beaucoup question, de ressenti, dans cette absurde communauté new age qu’on nous présente), c’est un peu comme quand vous rentrez le soir et que vos trois enfants se jettent sur vous pour vous raconter, tout à trac, en chœur et en se donnant du coude, leur journée d’école. On se dissocie, on se raccroche à deux ou trois mots et avec un peu d’effort tout s’éclaire.

Sur cette île où des hommes et des femmes fatigués des trépidations contemporaines viennent retrouver du sens (mais du sens à quoi ?), dans ce simili camp de vacances où ils suivent les cours d’une professeure de yoga en état de conscience modifiée, un événement vient affoler (enfin, mollement affoler) les adeptes : le four à pain a brûlé. Cet événement, c’est ce que les deux femmes et l’homme sur scène vont s’ingénier à nous raconter d’une voix mêlée, tout mignons dans leur tee-shirt orange, rose et rouge, collés les uns contre les autres comme une portée de chiots ou une hydre à trois têtes. Ou comme trois extraterrestres montés sur un bout de