C’est quand même la grande question : comment proposer du théâtre documentaire sans que le sujet l’emporte sur l’émotion ? Comment soutenir un propos politique sans faire passer une œuvre artistique pour une conférence TED ? On sent bien qu’Olivier Lenel et Didier Poiteaux qui «ne connaissaient rien à la mode», annoncent-ils d’emblée, se sont longuement posé la question avant de mettre en scène Fast. Pièce aussi courte qu’efficace (1h15 à peine) sur notre rapport aux vêtements et à l’achat compulsif, cette fenêtre sur les ravages de la fast fashion remporte son pari.
Le public, assis de part et d’autre d’un catwalk qui sert de scène, assiste à la stupéfaction des auteurs de retrouver dans leurs tiroirs des vêtements achetés et jamais portés. Ersatz de jeu télévisé, devinettes, écran, bande-son, musique, tout est fait pour rester suspendu à cette enquête jouée de façon certes didactique, mais aussi franchement drôle. L’industrie textile est mise à mal dans un processus documentaire classique, avec interviews de ses principaux acteurs (de l’influenceuse à la prof de marketing en passant par la designeuse, le vendeur de prêt-à-porter ou un ouvrier au