Il y a quand même quelque chose de «profondément troublant» à ce que l’hymne européen ait été signé par «un ancien nazi», après un «chantage économique». Non ? Etrange itinéraire en effet, que celui de l’Ode à la joie, depuis sa création par Beethoven il y a plusieurs siècles jusqu’à son remix en 1971 par le chef d’orchestre autrichien au passé trouble, Herbert von Karajan. Cette trajectoire «obsède» le grand musicologue, chercheur à l’EHESS, Esteban Buch. Il y a même consacré un ouvrage, la Neuvième de Beethoven, une histoire politique (Gallimard, 1999). Et le voici aujourd’hui sur le plateau de Playlist politique, sous les traits de la comédienne Anne Steffens, dépliant à nouveau pour nous l’histoire rocambolesque de cet hymne, monument musical que les écoliers ont parfois joué à la flûte à bec et qui fut la BO tout à la fois du IIIe Reich, de l’Union européenne, de l’apartheid, de l’investiture de François Mitterrand en 1981 et de celles d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022.
Point de départ de ce spectacle mis en scène par Emilie Rousset, donc, une histoire à tiroirs et un universitaire passionné qui cherche la clé. En 1971, le Conseil de l’Europe est lassé de ne recevoir que des «musiquettes» comme candidates à l’hymne européen et finit par commander une nouvelle version du 4e mouvement de la 9e symphonie de Beethoven, l’Ode à la Joie, au chef d’orchestre le plus puissant de l’époque, Karajan. Là, à Strasbourg, s