Trois pleines semaines de festival in (c’est deux jours de plus que l’an passé), 80 % de créations (que nul n’a donc encore vues avant leur passage à Avignon) dans des lieux aussi divers que la cour du palais des Papes, la FabricA, le romantique jardin du Mons ou la magique carrière de Boulbon. Plus de 1600 spectacles dans les 141 théâtres du off. L’équipe théâtre de Libé vous livre une vision subjective, forcément subjective, pour vous aider à vous y retrouver dans cette édition 2024.
Attention, work in progress : notre sélection évoluera au gré de nos découvertes… ou de nos déceptions.
Dans le in
Absalon, Absalon ! de Séverine Chavrier d’après Faulkner
Comment adapter au théâtre un tel livre ? Comment porter sur scène les mots du grand écrivain du Sud, peintre de l’Amérique des plantations et de la ségrégation ? Comme dans tous les spectacles de la metteuse en scène, la «bande-son» de la pièce est primordiale – elle charrie cette fois des sons de trains, de voitures, le bruit sourd d’un projecteur de film mais aussi la musique jouée en live par l’artiste congolais Armel Malonga. Tout comme les vidéos tournées et projetées, en direct, sur un grand écran, images au noir et blanc épais, où Séverine Chavrier tente de retrouver les fantômes de Faulkner. Elle livrera une lecture obsessionnelle, ressassante du chef-d’œuvre, ce qui lui va bien. Comme à travers un rêve d’insomnie, une hallucination, une insolation. Lire notre critique.
Du 29 juin au 7 juillet à 16h00 à La FabricA, 5 heures avec entracte.
Soliloquio de Tiziano Cruz
Véritable révélation du «In», le metteur en scène argentin s’inspire de sa correspondance avec sa mère pendant le confinement pour transformer sa colère froide en réquisitoire contre la discrimination des corps autochtones dans son pays d’origine. Notre critique, sans réserve.
Soliloquio (me desperté y golpeé mi cabeza contra la pared), écrit et mis en scène de Tiziano Cruz au gymnase du lycée Mistral, à Avignon, jusqu’au 13 juillet. Durée 2 heures. A voir aussi du même auteur : Wayqeycuna au gymnase du lycée Mistral, à Avignon, du 10 au 14 juillet. Durée 1 h 10.
DÄMON, El Funeral de Bergman, d’Angélica Liddell
Héroïne et criminelle absolue du Festival, la metteuse en scène espagnole, qui incarne littéralement au théâtre la dimension transgressive de l’art, rejouera les funérailles du cinéaste suédois Ingmar Bergman dans la cour d’honneur du palais des Papes, avec les comédiens et comédiennes du Théâtre dramatique royal de Suède. Elle promet de déployer à nouveau ce qu’elle appelle la «pornographie de l’âme» : s’exposer sans filtre, sans personnage. Car pour elle, qui a poussé la violence esthétique jusqu’à choquer quand elle s’entaillait le corps ou urinait sur scène, «le vrai scandale n’est pas la nudité, mais l’esprit mis à nu». Retrouver notre critique ici.
Du 29 juin au 5 juillet à 22h00, Cour d’honneur du palais des Papes, 2 heures. Déconseillé aux moins de 16 ans.
Hécube, pas Hécube, de Tiago Rodrigues
C’est la première fois que Tiago Rodrigues travaille avec la Comédie-Française. La première fois qu’il écrit pour une équipe qu’il ne connaissait pas avant d’entamer les répétitions. La première fois qu’Elsa Lepoivre, Denis Podalydès, Eric Génovèse et les autres acteurs de la Comédie-Française jouent à la carrière de Boulbon, écrin magique s’il en est. Avec Hécube, pas Hécube, Tiago Rodrigues s’inspire d’une histoire dont il a été témoin : tandis qu’elle est en train de répéter, une actrice se bat contre la maltraitance dont est victime son fils autiste de la part de l’institution chargée de lui prodiguer des soins. Et voilà que le procès qu’elle mène pour son fils se confond avec la pièce qu’elle joue et réciproquement. Elle «aboie» et continuera «d’aboyer». «On a tous besoin de regarder le monde à travers les lunettes d’Euripide ! On a tous besoin d’un peu plus d’Euripide», nous confiait Tiago Rodrigues… Notre critique, ici.
Du 30 juin au 16 juillet à la carrière de Boulbon. Durée : 1h47
Quichotte, de Gwenaël Morin
La langue invitée du festival est cette année l’espagnol ? Alors Gwenaël Morin (que Tiago Rodrigues surnomme «l’homme de la grande bibliothèque du festival») dégaine une adaptation bien à lui du Quichotte de Cervantes. Avec dans le rôle de Don Quichotte Jeanne Balibar et dans celui de Sancho Panza Thierry Dupont. Sans oublier la comédienne Marie-Noëlle en rossinante et Morin lui-même en âne. Dans la fragile silhouette du Quichotte, on est libre de voir aussi le portrait de l’Artiste en amoureux éperdu de l’imaginaire, en chevalier de l’illusion face aux monstres bien réels de notre monde. Retrouver notre critique.
Du 1er au 20 juillet (mais pas tous les jours) à 22 heures au Jardin de la rue de Mons, maison Jean Vilar. Complet.
Qui som ?, de Baro d’Evel
C’est la première fois qu’un spectacle mêlant cirque et acrobatie s’invite au festival. La compagnie franco-catalane c’est avant tout un duo : Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias. Elle, cavalière et gymnaste ; lui, fils de clown passionné par les arts plastiques : leur univers bigarré entremêle acrobatie, peinture, poésie, musique pour chercher comment «faire monde» et créer des spectacles conçus comme des rituels festifs, convoquant figures totems et matière plastique. Lire notre critique enthousiaste.
Du 3 au 14 juillet dans la cour du lycée Saint-Joseph. Complet.
La Vie secrète des vieux, de Mohamed El Khatib
Fidèle à sa veine du théâtre documentaire, Mohamed El Khatib met cette fois en scène des personnes âgées qui font le bilan de leur vie amoureuse et évoquent sans tabous leurs désirs. Sa nouvelle création réunit sur le plateau sept vieilles et vieux, tous amateurs, qui ont répondu à cette annonce : «Si vous avez plus de 75 ans et des histoires d’amour, appelez-moi.» Le metteur en scène ne voulait surtout pas faire appel à des acteurs, mais à donner la parole à ceux qui voient souvent leur parole confisquée – par les journalistes, les soignants, les familles surtout. Sur scène on parle vitalité, désir, amour, masturbation à la carotte, pression des enfants, rapprochement des corps dans les chambres de l’Ehpad. Loin des sujets clichés sur la vieillesse – perte d’autonomie, la décrépitude du corps et dépendance. Notre critique.
Du 4-19 juillet à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Complet.
Lacrima de Caroline Guiela Nguyen
Entre Paris, Bombay et Alençon, la metteuse en scène retrace la fabrication de la robe de mariée d’une princesse. Son spectacle est une prouesse, un récit choral ample, populaire et d’une précision rare. Après la représentation inaugurale de Lacrima, les spectatrices et spectateurs restaient par grappes sur le trottoir, fortement émus voire bouleversés, à la sortie du gymnase Aubanel. Notre critique, passionnée: Grand art scénique et vieilles dentelles.
Lacrima de Caroline Guiela Nguyen, jusqu’au 11 juillet au gymnase Aubanel, à Avignon. Puis au Théâtre national de Strasbourg, du 24 septembre au 3 octobre, à la Comédie de Reims du 20 au 21 novembre, au Théâtre de Lille, du 7 au 11 décembre, à la scène nationale de Douai, les 18 et 19 décembre, à l’Odéon à Paris, du 7 janv. au 6 fév. 2025 etc.
Avignon, une école, de Fanny de Chaillé
Ils sont jeunes, et viennent de finir leurs cursus à la Manufacture à Lausanne. Fanny de Chaillé a immergé quinze jeunes comédiennes et comédiens dans les archives du festival d’Avignon. Que voient-ils, que questionnent-ils, qu’est-ce qui les frappe ? Peut-on se souvenir de spectacles qu’on n’a pas vus ? Peut-on incorporer une archive ? Avec Avignon, une école, spectacle sur une transmission en acte, Fanny de Chaillé poursuit une recherche mémoriale expérimentale qui traverse toutes ses pièces et en particulier le Chœur et Une autre histoire du théâtre. Notre critique, ici.
Le 10, 11, et 12 juillet à 21h et 23h59 au cloître des Célestins
Forever, (Immersion dans Café Müller) de Boris Charmatz
Etre à deux mètres des interprètes du Tanztheater Wuppertal, qui reprennent Café Müller, la pièce la plus iconique de Pina Bausch ? On n’aurait pas osé y rêver, mais Boris Charmatz, artiste complice de cette édition, nous y convie. Le dispositif est formidable : les danseurs répètent pendant sept heures, le public reste le temps qu’il veut. Sans doute ne danse-t-on pas de la même façon la sixième heure et la deuxième ? Avec des textes de Heiner Müller et de Hervé Guibert.
Du 14 au 21 juillet de 14h à 19h à la Fabrica. Durée conseillée : 2 heures.
Elizabeth Costello, Sept leçons et Cinq contes moraux, de Krzysztof Warlikowski
Elizabeth Costello est un personnage, croisée dans plusieurs livres de l’auteur sud-africain J.M. Coetzee, une vieille romancière dont le public ne se souvient plus précisément de l’œuvre et qui livre des conférences plus ou moins scandaleuses. Elizabeth Costello s’est échappée du livre de Coetzee pour rejoindre l’imaginaire du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski qui l’a intégrée dans plusieurs de ses pièces. Pour incarner ce personnage qui «brouille la frontière entre la réalité et la fiction», Warlikowski, habitué du festival dont les spectacles laissent rarement indifférents, a choisi six actrices d’âges et de physiques différents, et un homme.
Reminiscencia, de Malicho Vaca Valenzuela
C’est la troisième fois seulement qu’un artiste chilien est présent dans le in d’Avignon. Le théâtre de Malicho Vaca Valenzuela est hanté par la mémoire et le territoire, comme il le confiait à Libération : «Si on fouille la terre ici, on trouve beaucoup de résurgences d’un passé douloureux. Entre autres, celles de cadavres d’innombrables personnes disparues à cause de la dictature ou des cartels. Cette sorte d’archéologie macabre offre la possibilité de mettre des mots sur ce que le pays a gardé sous terre.» Reminiscencia est un «collage de mémoire collective», le résultat d’un long work-in-progress poético-politique à travers son histoire familiale et sur les épisodes des différentes éruptions sociales chiliennes. Il l’alimente avec ses archives personnelles numérisées, des cartes virtuelles, des images de caméras en direct et Google Earth.
Du 17 au 20 juillet, à 11 heures et 18 heures, le 21 juillet à 11 heures au gymnase du lycée Mistral. Durée prévue : 55 minutes.
Los Días Afuera de Lola Arias
La metteuse en scène argentine Lola Arias laisse s’exprimer la singularité de ses six interprètes, femmes et personnes trans passées par la prison, grâce à un dispositif simple mais terriblement efficace. Leur joie, la force de leur travail, la brutalité de leur présence emporte tout. Lire notre critique.
Los Días Afuera de Lola Arias, Opéra Grand Avignon, Festival d’Avignon, jusqu’au 10 juillet, et projection de Reas, film de Lola Arias avec les six interprètes, au cinéma Utopia-Manutention d’Avignon le 8 juillet à 11 heures.
Dans le off
Niagara 3 000 de et par Pamina de Coulon
Dans «Niagara 3 000», performance survoltée, la géniale comédienne suisse réinvente le spectacle engagé tambour battant avec son débit torrentiel et sa force de conviction réjouissante. Lire notre critique.
Niagara 3 000 de et par Pamina de Coulon à la Manufacture à 13 h 45 dans le cadre de la sélection suisse en Avignon jusqu’au 14 juillet.
Sans faire de bruit, de Louve Reiniche-Larroche et Tal Reuveny
Mais qui est Brigitte ? Tous parlent d’elle. Le vieux père, la mère, le fils, la bru et même sa petite fille. Tous décrivent une femme qui sait «encaisser», qui ne vit que par et pour les autres – trop, même, s’accordent-ils à dire. Et quel est cet «événement», dont ils parlent, et qui a bouleversé l’équilibre familial ? Dirigée par la metteuse en scène Tal Reuveny, la comédienne Louve Reiniche-Larroche rejoue seule, sur fond d’archives audio et dans une ambiance de velours, la perte d’audition soudaine et déchirante de sa propre mère.
Du 3 au 21 juillet à 12h10, au Train bleu (relâche les 8, 15 juillet). Durée : 1 heure.
Le Papier peint jaune, de Charlotte Perkins Gilman
Dans cette adaptation d’une nouvelle méconnue, la Séquestrée, de Charlotte Perkins Gilman (1860-1935), essayiste et romancière américaine, féministe et suffragiste, la comédienne Lætitia Poulalion fait remarquablement entendre un texte étrange et sombre, l’histoire d’une femme qui sombre dans la folie.
Le Papier peint jaune, de Charlotte Perkins Gilman, mis en scène par Laetitia Poulalion et Mathilde Levesque. Au théâtre transversal à Avignon, à 14h30 jusqu’au 21 juillet. Durée : 1h10.
Une pièce sous influence du collectif La Cohue
Le spectacle du collectif La cohue dresse le beau portrait d’une femme sur le fil et parvient avec maîtrise à tisser l’absurde, la douleur et le rire. Lire notre critique.
Une pièce sous influence, mise en scène de Sophie Lebrun et Martin Legros, jusqu’au 21 juillet (relâche le 15) au théâtre 11 à Avignon.
L’Odeur de la guerre, de Julie Duval
Deux ans déjà que le spectacle cartonne à juste titre : une heure quinze durant, seule sur scène, Julie Duval se raconte, volubile et cash – doutes, regimbements, blessures et rédemption compris, englobant dans la performance une dizaine de personnages qui, famille, proches ou enseignants, ont jalonné la sortie de la chrysalide. Une histoire personnelle d’émancipation qui frappe par la justesse du jeu comme de l’écriture.
Du 11 au 21 juillet à la Scala Provence.
Poil de carotte, poil de carotte, de Flavien Bellec et Etienne Blanc
La création de la jeune compagnie Frenhofer articule brillamment la figure de l’enfant maltraité de Jules Renard avec celle d’un artiste humilié qui s’en empare. Un théâtre minimaliste et essentiel, susceptible de briser la glace gelée en nous. Notre critique.
Poil de carotte, poil de carotte, écrit et mis en scène par Flavien Bellec et Etienne Blanc, compagnie Frenhofer, à 16h55 du 3 au 21 juillet – relâches les 8 & 15, au Train Bleu à Avignon.
Sauvez vos projets (et peut-être le monde) avec la méthode itérative, de Antoine Defoort
Pastiche de conférence TedX sur les affres du travail créatif, Sauvez vos projets est un seul en scène drôle et salutaire où brille l’art d’expliquer les abstractions théoriques via d’ingénieuses métaphores. Altruiste, aventurier, Antoine Defoort partage sa méthode dans un spectacle, sorte de portrait loufoque de l’artiste au travail qui tient autant des ouvrages de développement personnel que du film Vice-Versa. Notre critique à lire.
Du 3 au 21 juillet au théâtre du Train bleu.
Zaï, zaï, zaï, zaï, de Fabcaro mis en scène par Paul Moulin
Zaï zaï zaï zaï est un road-movie sur fond d’état d’urgence et de flambée sécuritaire. En gros, l’histoire absurdissime d’un dessinateur poursuivi pour avoir oublié sa carte de fidélité au supermarché, obligé de se rendre aux flics en chantant Mon Fils, Ma Bataille de Balavoine. La bande dessinée devenue best-seller de Fabcaro a été superbement non pas mise en pièce de théâtre mais en un bizarre machin sonore bruité face public par la bande de Blanche Gardin, Adèle Haenel, Maïa Sandoz et Paul Moulin. Les deux premières ne figurent pas dans cette reprise à Avignon mais l’essentiel y reste.
Du 2 au 21 juillet au 11, Gilgamesh.
An Irish Story de Kelly Rivière
C’est une enquête, celle de Kelly Ruisseau (dont on devine sans grand mal qu’elle est le double de fiction de la Franco-Irlandaise Kelly Rivière, autrice, metteuse en scène et actrice de ce seul en scène) sur les traces de son grand-père, Peter O’Farrel, né dans les années 30 en Irlande du Sud, parti s’installer en Angleterre dans les années 50 et qui disparaît dans les années 70. Retrouver notre critique ici.
Du 29 juin au 10 juillet 2024 à 18h20, à la scala Provence. Durée : 1H25.
Héritage de Cédric Eeckhout
Une (vraie) mère et son (vrai) fils sur un plateau. Jo est coiffeuse, issue de la classe ouvrière, divorcée. Son fils est comédien, un brin décalé, et curieux de ses origines et amoureux de celle qui lui a donné vie. L’enquête familiale, qui montre le metteur en scène et acteur Cédric Eeckhout prendre l’allure et les apparats de sa propre mère rappelle évidemment d’autres travaux dont ceux d’Edouard Louis et de Didier Eribon, et aussi, allons-y pour les références improbables, Party Girl, le premier film de Marie Amachoukeli, Claire Burger, et Samuel Theis. Il rejoint aussi une tendance qui ne cesse de s’amplifier : celle de l’autobiographie scénique. On retrouvera par ailleurs Cédric Eeckhout comme dans Une ombre vorace de Mariano Pensotti, la forme itinérante du in.
Du 3 au 21 au théâtre des Doms. Durée : 1h20
Entrée des artistes d’Ahmed Madani
Dans sa pièce, Ahmed Madani invite sept jeunes interprètes à se questionner sur leur désir de théâtre, et son enracinement dans leurs histoires et failles familiales. Un instant de parole ouverte et libératrice. Retrouver notre critique.
Entrée des artistes d’Ahmed Madani, jusqu’au 21 juillet, Festival Off Avignon, Théâtre des Halles.
Une bonne histoire d’Adina Secrétan
La pièce d’Adina Secrétan revient sur une affaire d’infiltration menée par Nestlé en 2003 dans les milieux altermondialistes. Sur scène, à partir d’entretiens menés avec les vraies protagonistes de l’histoire, en reprenant leurs mots et leurs hésitations, deux comédiennes témoignent de ce que leur a fait, intimement, la trahison, quelle trace elle a laissé en elle et dans leur rapport au collectif – ce qui reste, toujours, une question très politique. Lire notre critique.
Une bonne histoire d’Adina Secrétan, à La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. Jusqu’au 18 juillet.
Cadeau de Paul Courlet
Dans sa première pièce de théâtre, l’artiste sonore Paul Courlet nous entraîne dans une forêt surréelle, sans aucun décor ni vidéo. Un voyage résonnant qui ne laisse pas de bois. Notre critique.
Cadeau, conçue par Paul Courlet, dans la sélection suisse au Festival Off d’Avignon, jusqu’au 17 juillet au Train Bleu, à 15 h 25.
Les Chatouilles d’Andréa Bescond
Pour célébrer les dix ans de sa pièce autobiographique, Andréa Bescond revient là où tout a commencé : au théâtre du Chêne noir, au off d’Avignon. Quand elle y a joué son seule en scène pour la première fois, c’était devant une petite poignée de spectateurs. Aujourd’hui, son spectacle lui a valu un molière, a été adapté en film lui-même récompensé aux césars. Notre critique.
Du 29 juin au 21 juillet au théâtre du Chêne noir. Durée : 1h45
Dear Jason, Dear Andrew, un spectacle de Sébastien Barrier
Dans un monologue énervé et intime, Sébastien Barrier raconte sa passion monomaniaque pour le groupe électro-punk anglais Sleaford Mods et embarque le public dans cette quête absurde qui devient son histoire: celle d’un mec qui vit non stop avec les Sleaford Mods. Lire notre critique de ce seul en scène touchant et fuckin vivant.
« Dear Jason, Dear Andrew », un spectacle de Sébastien Barrier. Au Festival Off d’Avignon, A la Manufacture du 11 au 13 juillet à 23:00.
La montagne cachée, de la compagnie Les Dramaticules.
Ils sont six, cinq hommes et une femme, mal à l’aise dans ce monde et dans leur vie. Alors quand ils entendent parler d’une montage cachée, quelque part dans l’océan, qui ouvrirait la voie vers un monde de l’au-delà, ils n’hésitent pas à tout abandonner pour partir en expédition. La compagnie Les Dramaticules livre ici une interprétation bien à elle, drôle et tendre, du livre inachevé de René Daumal, Le Mont Analogue, qui n’en finit pas d’inspirer les artistes. Sur scène le collectif a le don pour passer d’un genre à l’autre, du film d’horreur à la dystopie, pour faire surgir des tableaux puissants et évocateurs avec une toile de drap et des boulettes de papier. Un beau spectacle même si le récit se perd un peu à la longue, à l’image de sa cordée de personnages.
La montagne cachée, création de la compagnie Les dramaticules, orchestrée par Jérémie Le Louët, au théâtre 11 d’Avignon, jusqu’au 21 juillet à 22h25. Durée: 1h35.
Holden, de Guillaume Lavenant et Marilyn Leray
C’est l’une des grandes occupations de Lola, 16 ans: faire semblant de mourir, mimer l’homme qui se prend une balle dans le ventre et, grimaçant de douleur, tangue et vacille sans fin avant de tomber. Lola, qui veut qu’on l’appelle Holden, comme le jeune héros de l’Attrape-coeur de Salinger, elle aussi tangue et vacille, adolescente en colère, à qui l’on a trop répété qu’elle avait « le mal en elle ». Bien écrit, interprété avec une grande sensibilité par Mégane Ferrat, le seule en scène Holden, à partir de 14 ans, jette une belle lumière (au propre comme au figuré) sur la vulnérabilité de l’adolescence.
Holden, écrit par Guillaume Lavenant et mis en scène par Marilyn Leray, au théâtre des Halles jusqu’au 21 juillet à 11h00 (relâche le 17). Durée 1h10.
Anne-Christine et Philippe, d’Arnaud Churin et Emanuela Pace
Quelle idée géniale d’adapter pour la scène le livre Les lances du crépuscule de Philippe Descola. L’anthropologue y raconte comment, à la fin des années 70 avec sa compagne Anne-Christine Taylor, il a passé pour ses recherches plusieurs années auprès des Achuar, qu’en Occident on appelle plus souvent les « Jivaros », en haute Amazonie. Avec leur gourde et leur thermos, les deux acteurs (et auteurs) au plateau retracent avec humour la rencontre du couple avec ces femmes et ces hommes dont la légende de « réducteurs de tête » est célèbre... et la vie réelle à l’époque totalement méconnue. Drôle donc mais aussi intelligent, le spectacle aborde les petits tracas de l’ethnologue sur le terrain (faut il vraiment aller déféquer avec ses voisins pour montrer son amitié, prendre des substances narcotiques et finir par chanter du Brel?), ses petits arrangements avec la vérité pour se faire accepter des hommes qu’il «étudie », l’excitation de la « découverte » et finalement la lassitude de si bien les connaître.
Anne-Christine et Philippe d’Arnaud Churin et Emanuela Pace, au Théâtre du train bleu-Tiers lieu la Respelid, 3 rue de l’Observance à Avignon. A 20h35 jusqu’au 21 juillet.
Le poids des fourmis de David Paquet et Philippe Cyr
Savez-vous qu’un cafard peut vivre sept jours sans tête ? Que nos cheveux poussent deux fois vite en avion ? Non ? Olivier, lycéen dans l’établissement lauréat du « prix de la pire institution scolaire », le sait lui, tout occupé qu’il est à lire et relire L’Encyclopédie du savoir inutile pour oublier son eco-anxiété. Avec sa camarade Jeanne, il va tenter de sortir de leur léthargie les adultes qui les entourent et s’accommodent fort bien du réchauffement climatique et de la corruption politique. Il faut s’imaginer la pièce Le poids des fourmis ainsi : un épisode de la série lycéenne Sauvés par le gong qui aurait percuté l’esthétique de Jeff Koons et de la Roue de la fortune. Le tout dans une piscine à balles (répétons: il y a une piscine à balle, un palmier en plastique et des acteurs en crocs fluo sur scène). Une satire écolo-politique, dès 13 ans, venue du pays des sables bitumineux, le Québec.
Le poids des fourmis, texte de David Paquet, mise en scène de Philippe Cyr. Jusqu’au 21 juillet à Manufacture - Patinoire (relâche le 17 juillet). Durée: deux heures, trajets en navette inclus.
Cinéma, séries, albums, pièces, danse : retrouvez nos sélections de la semaine. Et tous les samedis notre top 10.