Imaginons une coupe longitudinale de la salle Jean-Tardieu, au théâtre du Rond-Point, avec, d’un côté, les profanes et, de l’autre, les initiés regardant et écoutant cet homme sur scène qui va soliloquer, une heure trente durant, tout juste interrompu de temps à autre par les virgules musicales d’un comparse – impassible, malgré les apostrophes – alternant piano et accordéon.
Microcosme d’êtres esquintés
Prenant le train en marche, la première catégorie de spectateurs pourra se montrer séduite, possiblement subjuguée même, par l’abattage de ce type, brassant, entre un supermarché, un parking et un entrepôt, les tranches de vie d’autres sans-grade, en marge d’une société qui les ignore plus qu’elle ne les humilie. Il y a là, par exemple, «une vieille de plus en plus vieille», «une jeune de moins en moins jeune» qui a un emploi de caissière, ou encore «une clocharde qui ne fait pas la manche» et «un gitan de 8 ans» qui «fume» et «casse les couilles à personne». Des Dominique, Saïd ou Joséphine qui peuplent le théâtre social de l’auteur et metteur en scène italien Ascanio Celestini, tel que relayé par l’acteur belge David Murgia (qui, rasé, était l’an dernier, à l’écran, le Tom Medina de Tony Gatlif), dont le