Il y a la magnificence blanche et funèbre du décor, un salon vide et bâché de fin du monde et les costumes et perruques chantilly assortis aux visages crème fouettée de Merteuil et Valmont (Hélène Alexandridis et Stanislas Nordey). Et la sensation d’assister à une cérémonie vouée à se répéter sans usure à travers les siècles. «Période : un salon d’avant la Révolution Française, un bunker d’après la troisième guerre mondiale» note Heiner Müller en didascalie de sa pièce Quartett. Nous y sommes, exactement, en équilibre entre un temps pré-révolutionnaire et un présent apocalyptique. Ce qui frappe en premier, dans cette palpitante mise en scène de Jacques Vincey, ce sont les deux voix et comment elles portent ce texte acéré, condensé et lumineux. Cette courte pièce d’après les Liaisons dangereuses fut écrite rapidement, peut-être même en deux nuits dit la légende, à Rome, en 1980, mais elle habitait le dramaturge depuis les années 50. «J’ai lu le roman de Laclos en diagonale. Si je l’avais lu dans les détails, j’aurais perdu l’impact, la puissance du texte», disait Heiner Müller qui prétendait que la pièce prouvait son optimisme puisqu’il imaginait des survivants à une prochaine guerre.
Le texte n’a rien perdu de sa beauté incisive, il s’est même amplifié de résonances, en prise avec notre présent, sur la fluidité des genres, les jeux de pouvoir et leur renversement. Merteuil et Valmont vont échanger leurs rôles, puis glisser vers la jeune fille Vola