Il n’y aura pas de dialogue, le dialogue c’est fini, la situation aussi. Reste le langage, les mots, les livres. Voilà le théâtre de Pascal Rambert qui ouvre les vannes de la parole dans deux pièces sans rapport entre elles, mais pas sans lien. Le programme s’affiche dès les premières minutes de ses 3 Annonciations. La salle du théâtre de Chaillot est plongée dans le noir absolu, Rambert y tient. Ce noir absolu que le théâtre refuse généralement pour des questions de sécurité, cette fois, on le tient ; pas d’indications lumineuses sur les côtés, pas de porte de sortie, le noir est total pour que la parole advienne. Et c’est un événement car cette parole est double : elle s’entend en italien – la voix de Silvia Costa, première annonciatrice de la pièce – et elle se voit en français, les mots s’inscrivent et défilent sur un panneau lumineux. Pour une traduction simultanée ? Non, car quand Audrey Bonnet arrive, troisième annonciatrice, le dispositif reste le même : ce qu’on entend est ce qu’on voit.
Donner une forme à la parole, exposer au sens plastique les mots, c’est tout l’enjeu du théâtre de Rambert. Encore faut-il savoir ce qui se dit, ce qui s’écrit. Dans 3 Annonciations, ce sont trois prises de paroles, trois femmes qui apparaissent littéralement, comme on parle d’apparitions religieuses – magnifiques lumières en clair-obscur signées Yves Godin –, trois femmes