Mais qui est Brigitte ? Tous parlent d’elle. Le vieux père, la mère, le fils, la bru et même sa petite fille. Tous décrivent une femme qui sait «encaisser», qui ne vit que par et pour les autres – trop, même, s’accordent-ils à dire. Si Brigitte avait su se mettre en avant, si elle avait été plus égoïste, oui, peut-être aurait-elle eu une vie plus «agréable». Une femme qui, malgré tout, a su faire son chemin, sans faire de bruit. Et puis il y a eu «l’événement».
Tous les personnages de la pièce Sans faire de bruit ont le même visage, celui de la comédienne Louve Reiniche-Larroche. Seule sur scène, elle leur donne corps, mais pas sa voix. Les paroles qu’on entend, et ça sera le cas jusqu’au terme de la pièce, sont issues d’enregistrements, fruits d’un travail quasi documentaire. La comédienne fait du play-back sur cette bande sonore. Par un travail de synchronisation incroyablement précis, elle porte la voix, en remuant ses lèvres, du vieux père, de la bru ou de la petite fille.
Bouleversement
Brigitte, c’est la mère de Louve Reiniche-Larroche. Une nuit qui avait pourtant tout l’air d’être une nuit comme une autre, Brigitte a perdu l’audition. Les sons extérieurs lui sont d’abord parvenus comme des crissements métalliques. Puis plus rien. Du jour au lendemain, elle n’entendra plus «la voix des gens aimés», ni les petits bruits du quotidien, ceux de la cuisine où les femmes discutent en séchant la vaisselle après les déjeuners familiaux, si familie