La sortie d’Outstanding sur Netflix fait un fort écho à la diffusion concomitante par France TV de The Celluloid Closet, son homologue de cinéma sur l’histoire des représentations LGBT+ à Hollywood. Les trajectoires ne sont pas tout à fait superposables : l’essence exhibo du stand-up, qu’on ne pratique correctement que parfaitement nu, ne l’a pas amené à ce langage crypto-gay qui fit le piment du Hollywood classique – au contraire.
Pas d’homologues scéniques aux sous-entendus facétieux, au smoking de Dietrich ou aux perruques de Tony Curtis. L’histoire est ici une série d’entrées fracassantes, de big bang tolérés par le patriarcat environnant, comme le cabaret-sketch show du couple Patti Harrison et Robin Tyler (géniale tatie qui témoigne ici à 82 ans, tranquillement insurrectionnelle, sorte de Varda du stand-up). Elle peinera longtemps à s’écrire autrement qu’avec ces individualités si fortes, si assumées, qu’elles donnent la trompeuse impression que tout va bien. Le film interroge cette altérité paradoxalement admise tant qu’elle est clignotante et isolée, quitte à ce que cette flamboyance queer se trouve contredite par l’ordre hétéro d’une sourde violence qui cohabite avec elle.
Béni-oui-oui privilégiés
Car si l’immense Eddie Izzard monte sur scène en talons aiguilles et lipstick pétard dans les années 80, dressed to kill (titre de son plus célèbre spectacle), furieuse, éclatante mais surtout acclamée, pourquoi, après tout, s’inquiéter des saillies atrocement homophobes