Une scène s’ouvre sur le dehors. Littéralement. Le mur du fond a été abattu et donne sur la rue, où passent, en toute innocence, des voitures et des promeneurs de chiens qui ignorent qu’ils sont vus par un public assis en gradins. Forcément, les spectateurs ont gardé leurs manteau ; dans la salle Jean-Cocteau de la Ménagerie de verre, immense et blanche, on se pèle en attendant que ça commence. A moins que ce n’ait déjà commencé ? De cette trouée sur le dehors apparaît, tel un spectre surgi du Moyen Age, une chevalière en armure. Elle s’avance, hésitante. Zoé Lakhnati, si c’est bien elle, nous regarde la regarder. Les rôles se brouillent, comme si tous se demandaient : qui est l’artiste ? Qui est là pour applaudir ? La chevalière engoncée dans son costume aux articulations bruyantes inspecte le plateau, les extincteurs, le tableau électrique, le chariot à roulettes qui semble avoir été oublié sur scène, puis s’avance vers nous avant de tendre une main gantelée à un spectateur au premier rang. Rires nerveux, musique. L’ordre des choses est rétabli ; le mur du fond se ferme, là où ailleurs, un rideau se serait levé.
Zoé Lakhnati, formée au Conservatoire de Lyon et à P.A.R.T.S. à Bruxelles, où elle vit, pioche dans un imaginaire de personnages éclectiques pour mettre en scène son This is la Mort, solo tragicomique construit comme un lent strip-tease. Se débarrassant de son armure dans une métaphore évidente, la danseuse dévoile petit à petit ses costumes sous-jacents (com