Manque déjà le canard. Quand elle a voulu faire jouer un vrai gallinacé dans son adaptation du Canard sauvage d’Ibsen, la troupe de la Schaubühne, le théâtre le plus prestigieux de Berlin-Ouest, s’est heurtée à un obstacle de taille : il est interdit de faire monter sur scène un tel oiseau au moment de sa mue. Or, nous a-t-on expliqué lors des répétitions de la pièce à Berlin début juin, nous étions pile-poil en période de mue du canard. Sur scène, des peluches ont remplacé le volatile.
Le canard n’est pas le seul absent du nouveau spectacle de Thomas Ostermeier, le patron de la Schaubühne, qui sera présenté pour la toute première fois à l’ouverture du Festival d’Avignon ce samedi. Exit le curé, exit les domestiques du premier acte. Exit, aussi, le vieux grenier et les harengs marinés si XIXe siècle : Ostermeier a comme à son habitude réécrit le classique pour le fondre dans une réalité qui nous est proche. Hedvig, 14 ans, personnage central de la pièce d’Ibsen parue en 1884, est ici une adolescente engagée. Son père, le photographe raté Hjalmar Ekdal, porte les cheveux longs et de vieux tee-shirts de fan de métal. Nothing Else Matter, le slow doucereux de Metallica, rythme les passages d’un acte à l’autre. Ostermeier assume avoir changé plus des trois-quarts du texte d’origine et resserré, beaucoup, la pièce du Norvégien.
Début juin, donc, et la troupe de la Schaubühne répète déjà dans les décors, une grande boîte posée sur un plateau tournant. Côté pile, le st