Le Festival d’Avignon lui fait la cour, le festival d’Automne va tirer son «Portrait», Trajal Harrell, chorégraphe américain, actuel directeur du Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble, est l’un des héros de cette saison. Cour d’honneur, donc, pour un artiste qui, depuis le milieu des années 2000, signe une esthétique du brassage multiculturel avec, comme acte fondateur, une hypothèse singulière : et si la scène du voguing de Harlem avait fait une descente chez les blancs de la post-modern dance à la Judson Church, que se serait-il passé à New York au début des années 60 ? Quelle histoire de corps politique serait née de cette rencontre impossible alors ? Réponse dans une série de pièces sous le titre générique Twenty Looks or Paris is Burning at the Judson Church, où Trajal Harrell posait, dès 2009, les bases théoriques de son travail nourri de ses études sur le genre, le féminisme et le postcolonialisme à l’université de Yale.
Toutes les cases sont cochées, qui trouvent aujourd’hui leur écho dans la société et sur les plateaux, au risque de malentendus et de raccourcis violents. «Certains disent que c’est du voguing exhibé sur scène, que je reprends le buto et que je mélange tout ça pour faire de la danse contemporaine. Mais ça n’a rien à voir, s’énerve le chorégraphe. Je suis un danseur contemporain très clair avec ces questions d’appropriation culturelle. Il est hors de question pour moi de représenter le voguing. Je recherche des opérations théoriqu