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Théâtre

«Un chapeau de paille d’Italie», bravo le vaudeville

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Dans sa mise en scène de Labiche, Alain Françon fait résonner l’inquiétude sous le rire, mettant au jour les ressorts de notre époque troublée.
La pièce multiplie les quiproquos les plus dingues. (Jean-Louis Fernandez)
publié le 3 octobre 2023 à 2h41

Une reprise de la Puce à l’oreille à la Comédie-Française, la création d’Un chapeau de paille d’Italie au Théâtre de la Porte Saint-Martin, de Feydeau à Labiche, le vaudeville met la rentrée du côté des rieurs. C’est le propre des époques troublées ; le monde va à sa perte, dansons sur un volcan. Et c’est Alain Françon qui ouvre le bal en signant son premier Labiche sans nous faire la leçon, merci. Pas de relecture brechtienne ou ostermeierienne de cette comédie de l’union au risque du divorce.

Deux mariages rythment l’histoire : celui du Parisien Fadinard avec la provinciale Hélène, qui débarque en robe de mariée avec toute sa famille, et celui plutôt bancal d’Anaïs Beauperthuis qui trompe son époux avec un militaire au bois de Boulogne. Problème, le cheval de Fadinard vient de bouffer le chapeau de paille d’Italie d’Anaïs, qui demande réparation au propriétaire. Sa mission ? Trouver un chapeau absolument identique pour que l’épouse volage puisse rentrer la tête haute chez son cocu de mari. Bref, la journée est une course-poursuite : Fadinard à la recherche de l’objet perdu, poursuivi par sa belle-famille pépiniériste de Charentonneau, totalement paumée et inquiète dans un Paris dont elle ne maîtrise aucun code.

Jeu de massacre

La pièce multiplie les quiproquos les plus dingues, avec, au passage, un jeu de massacre dont personne ne sort grandi : bourgeois parisiens, salon aristocratique, petits commerçants de province, c’est une belle bande d’imbéciles, même pas heureux. On pou