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Témoignages

Zadi, Jaoui, Donzelli, Bozon et Thomas VDB... Molière revisité par cinq acteurs-auteurs

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Bien qu’incontournable en cours de français et en écoles de théâtre, le dramaturge, célébré ce samedi à l’occasion de son quatrième centenaire, reste aux portes du Panthéon. Ils racontent leur relation avec l’une des figures majeures du XVIIe siècle.
Paris, le 22 novembre 2021. L'actrice et réalisatrice française Valérie Donzelli chez elle à Paris. (Adrien Selbert/Vu pour Libération)
publié le 14 janvier 2022 à 21h14

«Il comprend que l’humour est une arme»

Jean-Pascal Zadi, cinéaste et acteur. Réalisateur du film Tout simplement noir et de la série Carrément craignos.

«Faut que tu mesures à quel point le mec est dans un système politique hyper contraint, où si tu protestes, tu finis en taule ou on te coupe la tête, et il comprend que l’humour est une arme. Le discours en mode vénère, faut oublier, donc faut jouer plus fin que ceux qui financent ou regardent, et il élabore le deuxième degré, l’ironie, la parodie, le décalage. Ce qui est me frappe le plus, c’est à quel point il critique la société dans son fonctionnement en étant très virulent sur plein d’aspects de la vie de son temps.

«Aujourd’hui, la comédie est devenue quelque chose de pas sérieux. Il s’agit de faire de la thune, faire des entrées, divertir les ados, se taper des barres. C’est devenu une fin, pas un moyen. Molière avait compris la portée politique de l’humour et vu le niveau démentiel des inégalités sociales, territoriales, le chaos politique, la tension sanitaire aujourd’hui, s’il revenait, il aurait du taf et des idées. C’est frappant de voir à quel point le niveau de liberté sous l’Ancien Régime était carrément limité, que la capacité à s’exprimer librement était sous étroite surveillance et à quel point les mecs pouvaient tout défoncer par des biais stylistiques alors qu’aujourd’hui, on est libre, on écrit et on dit à peu près ce qu’on veut, et on ne prend aucun risque, voire on est content de n’avoir rigoureusemen