Le plateau est nu, comme son visage, sans maquillage, les cheveux tirés en arrière. Valérie Dréville s’avance dans l’espace du théâtre des Bouffes du Nord, s’arrête au centre, prend le temps de nous regarder, comme nous la regardons – nous partageons encore la même lumière superbement signée Edouard Hügli. Nous ne bougerons pas, elle à peine, quelques pas en avant, d’autres en arrière… Oui, c’est un face à face. Non, ce n’est pas un duel entre elle et nous, c’est une danse. Valérie Dréville porte un texte, Un sentiment de vie, elle le porte littéralement avec les bras qui s’élèvent, le poignet qui se casse, un mouvement caresse l’espace, et retombe doucement. Une danse on vous dit. C’est elle qui mène, nous on la suit dans cette histoire de fille et d’écrivaine, qui ouvre le bal avec cette déclaration : « Je voulais écrire sur mon père depuis longtemps écrire sur mon père my secret garden C’est Falk qui m’a donné l’élan il a ouvert la porte du jardin secret Le mien c’est mon père».
Pas de point, ni de virgule chez Claudine Galea qui prend ici la parole dans le corps du texte de l’auteur allemand Falk Richter – chef de file d’une écriture de soi ouverte sur l’Histoire «avec un H majuscule» (1). Un double exercice d’admiration et d’appropriation, caresse et pénétration. « J’entrais dans le texte de Falk avec jubilation jouissance […] J’aime que F