Menu
Libération
Théâtre

«Un sentiment de vie», le mort dans l’âme

Article réservé aux abonnés
Aux Bouffes du Nord, Valérie Dréville interprète le texte de Claudine Galéa, mis en scène par Emilie Charriot, telle une chorégraphie sensible, pour narrer la tendresse d’une fille pour un père décédé auquel tout l’oppose.
Valérie Dréville dans «Un Sentiment de vie». (Jean-Louis Fernandez)
publié le 23 janvier 2024 à 18h57

Le plateau est nu, comme son visage, sans maquillage, les cheveux tirés en arrière. Valérie Dréville s’avance dans l’espace du théâtre des Bouffes du Nord, s’arrête au centre, prend le temps de nous regarder, comme nous la regardons – nous partageons encore la même lumière superbement signée Edouard Hügli. Nous ne bougerons pas, elle à peine, quelques pas en avant, d’autres en arrière… Oui, c’est un face à face. Non, ce n’est pas un duel entre elle et nous, c’est une danse. Valérie Dréville porte un texte, Un sentiment de vie, elle le porte littéralement avec les bras qui s’élèvent, le poignet qui se casse, un mouvement caresse l’espace, et retombe doucement. Une danse on vous dit. C’est elle qui mène, nous on la suit dans cette histoire de fille et d’écrivaine, qui ouvre le bal avec cette déclaration : « Je voulais écrire sur mon père depuis longtemps écrire sur mon père my secret garden C’est Falk qui m’a donné l’élan il a ouvert la porte du jardin secret Le mien c’est mon père».

Pas de point, ni de virgule chez Claudine Galea qui prend ici la parole dans le corps du texte de l’auteur allemand Falk Richter – chef de file d’une écriture de soi ouverte sur l’Histoire «avec un H majuscule» (1). Un double exercice d’admiration et d’appropriation, caresse et pénétration. « J’entrais dans le texte de Falk avec jubilation jouissance […] J’aime que F