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Critique

A l’Opéra-Bastille, Wajdi Mouawad met en scène un «Pelléas et Mélisande» à la peine

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La nouvelle production du chef-d’œuvre lyrique de Debussy déçoit par son prosaïsme et son atonie, mais n’empêche pas Huw Montague Rendall de se distinguer dans le rôle-titre.
Wajdi Mouawad fait l’erreur, à grand renfort de vidéos contemplatives projetées, de reléguer dans la pénombre le jeu des chanteurs. ( Benoîte Fanton)
publié le 5 mars 2025 à 12h44

La nuit s’abat à l’intérieur de l’Opéra-Bastille, tandis que s’élèvent des bruits de forêt. Un sanglier dont le corps est fiché d’une lance traverse le plateau, puis les fameux ré-la-sol-la retentissent dans la fosse. Pour cette nouvelle production de Pelléas et Mélisande, le chef-d’œuvre lyrique de Debussy, d’après la pièce de Maeterlinck, le Libano-Québécois Wajdi Mouawad, qui dirige le Théâtre national de la Colline depuis 2016, a choisi de filer la métaphore sacrificielle : pendant trois heures, il va matérialiser la putréfaction du royaume d’Allemonde en empilant des carcasses d’animaux au milieu de la scène, tandis que défilent de superbes images aquatiques, signées Stéphanie Jasmin, sur un écran géant.

Tragique absence de drame

Une littéralité bienvenue, après tant de lectures psychanalytiques faisant du récit le rêve paranoïaque de Golaud, si elle ne masquait pas une tragique absence de drame ; un comble de la part d’un homme de théâtre. Avec ce dispositif, Wajdi Mouawad reproduit, de fait, l’erreur de Peter Sellars lorsqu’il monta Tristan et Isolde de Wagner sur la même scène, à grand renfort de vidéos contemplatives de Bill Viola, faisant écran au jeu des chanteurs relégués dans la pénombre, et rappelle, hélas, que quelques pistes visuelles ou symboliques ne sauraie