Ça fait quoi d’écrire à plusieurs ? Ça fait quoi de «se laisser traverser par ce que les autres pensent», d’accepter d’être relu, de s’entendre dire parfois que ça ne va pas, de ne pas trouver sa place puis de la trouver, de faire naître, à quatre, «une créature Frankenstein» ? Virginie Despentes, Anne Pauly, Julien Delmaire et Paul B. Preciado (peu importe pour l’instant qui a dit quoi puisque leurs voix sont ici mêlées) ont écrit WOKE. C’est ce texte que Virginie Despentes monte ces jours-ci au Théâtre du Nord, à Lille, pour sa première mise en scène. Spectacle sold out, on pouvait s’y attendre, quelques jours seulement après la mise en vente des places cet automne.
Il y a trois ans, David Bobée, qui avait travaillé avec Despentes sur Viril, une lecture musicale de textes féministes avec Béatrice Dalle et Casey, et dirige aujourd’hui le Théâtre du Nord, lui propose d’en devenir artiste associée. Elle caste alors un quatuor aux univers d’écriture a priori dissonants, mais à l’harmonie politique évidente – féministe, queer, antiraciste : la philosophie transgenre et transdisciplinaire de Paul B. Preciado, dont les conférences tournent à la performance, l’intime ironie d’Anne Paul