September & July, ce sont les prénoms qu’une mère artiste, qu’on pourrait dire toxique, a donnés à ses deux filles nées à un peu plus d’un an d’écart, de pères différents mais tout autant inconnus et absents. Dès l’entrée en matière du film, l’art d’Ariane Labed est comme concentré : un plan nous donne à comprendre tout de la situation, des petites filles déguisées pour ressembler aux jumelles de Shining, une voix maternelle hors-champ qui les dirige, un jet de faux sang qui les heurte, le déclenchement de l’appareil photo. Il sera question, dans le premier long métrage de l’actrice française découverte en Grèce (Attenberg d’Athina Rachel Tsangari en 2010), de sororité et d’emprise, de mise en scène de soi et de refus d’obéir, de hantise et de folie. September & July commence comme un teen-movie un peu tordu où deux sœurs inadaptées à l’environnement clicheteux de leur lycée (uniformes, sombres pestes et beaux gosses inutiles) perpétuent un langage venu de l’enfance, fait de drôles de bruits d’animaux, d’onomatopées weirdo et de claquements de langue, l’une protégeant l’autre – September plus forte que July –, mais lui barrant également la route vers toute ouverture sociale. L’effet de vase clos va être travaillé sans relâche par
Critique
«September & July», une affaire de sœurs
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September et July vivent en vase clos et se protègent l’une l’autre. (Cáit Fahey/New Story)
par Laura Tuillier
publié le 18 février 2025 à 17h03
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