Au début du dernier épisode de 37 Secondes, il se passe un truc. Un drôle de tour joué par le scénario mais, surtout, un réveil du regard. Le temps de quelques minutes, la série prend chair. Elle regarde au-delà de ce que ses images montrent, pour voir plus loin qu’un poste de travail, qu’un alignement de mines dures, qu’un atelier plongé dans le silence. La série court après ce souffle depuis ses premières minutes mais son ambition romanesque se trouvait régulièrement empêchée par le besoin de dire les faits. Sa colonne vertébrale, c’est l’incompréhensible naufrage, le 15 janvier 2004, du chalutier Bugaled Breizh qui coûte la vie à ses cinq marins de Loctudy (Finistère). Comment un navire en parfait état peut-il se trouver avalé par la Manche en seulement 37 secondes, un jour de mer calme ? Résumer l’affaire du Bugaled n’est en soi pas chose aisée : l’enquête est close mais dix-sept années de bataille judiciaire ne sont parvenues qu’à accoucher de doutes et de frustrations, la thèse de «l’accident de pêche» privilégiée par la justice échouant à éteindre les suspicions très fortes sur l’implication d’un sous-marin militaire.
Série
«37 Secondes» sur Arte, pêche en haut trouble
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La série superpose à son socle factuel un portrait très libre des familles des victimes. (Shoot Again Productions )
par Marius Chapuis
publié le 22 mars 2025 à 17h29
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