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Libération
Critique

«Atlanta», les lunaires de la ville

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Toujours aussi déstabilisante, la troisième saison de la série de Donald Glover poursuit, en creusant le sillon de l’onirisme, son portrait désabusé de l’Amérique et de son racisme.
Dans «Atlanta», le drame social cohabite avec la comédie, la romance, l’horreur, la parodie… (Rob Youngson/ FX Networks)
publié le 1er avril 2022 à 18h20

«What the… ?» Atlanta, nuit d’été, sur le parking d’un fast-food. Une voiture garée, dans laquelle zonent trois hommes. Un couple passe dans la rue. Le gars frappe dans le rétroviseur. L’un des trois passagers, le plus baraqué, sort en trombe. L’affaire va dégénérer. L’incipit d’Atlanta, l’un des plus impressionnants de l’histoire des séries, commence dès la première milliseconde, sans ménagement. In medias res, fuite en avant, armes à feu dehors. Atlanta va nous parler d’ultraviolence urbaine ? «Hold up», diraient Earn (Donald Glover) ou son cousin rappeur, Paper Boi (Brian Tyree Henry) – «attendez un peu». L’embrouille est ridicule. Le chaos est burlesque. Il y a du dada dans l’air. Atlanta n’a pas vocation à devenir un The Wire des terres sudistes, ni un portrait de la cité de la trap music et des traps («planques») où l’on enfouit la dope ; ou si elle l’est, c’est pour honorer l’étrangeté qui la traverse et la définit, par-dessus, par-dessous les clichés. Ce serait plutôt un portrait d’Atlanta, devenue ville spectacle avec l’explosion créative du rap – qui n’a eu de cesse de la raconter et l’a redessinée dans l’imaginaire collectif – et aussi, donc, avec cette série, qui sait tout d’avance, ce qu’elle veut faire autant que ce qu’elle va faire à son image.

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